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 118                VISITE A SANT' ONOFRIO.

. des inscriptions de la cellule : « De ce lieu l'âme tendre et
  ardente de Torquato Tasso , incomprise et méprisée des
  hommes, retourna ravie dans le sein de Dieu ! » La jeune
  poète que nous avions parmi nous, Teresa Gnoli, se faisant
 tout à coup l'interprète de l'émotion générale, récita avec
  l'animation et la verve attributs des artistes de l'Italie, une
  chaleureuse improvisation dont les vers étaient en quelque
  sorte le développement poétique de cette pensée. Le duc
  G. Torlonia lut à son tour un morceau de son poème du
  Tasse a Sorrente, le passage si attendrissant où Torquato
  est reconnu sous son déguisement par sa sœur. L'âme du
  poète semblait descendue parmi nous ! Nous nous sentions
  tous artistes par le cœur, sinon tous par le génie, et ar-
  tistes catholiques comme le Tasse, épris comme lui de la
  beauté invisible, immatérielle, dont il contemple a jamais,
 avec les Séraphins, le type éternel et l'essence immuable au
  fond des cieux. Ainsi que des fleurs, nos terrestres sœurs
  d'un jour, se répandent des parfums délicieux dont restent
  longtemps imprégnés les objets qu'elles effleurent, l'esprit et
  la poésie du Tasse s'exhalaient de ces murs, de toutes ces
  choses consacrées par lui, qui nous environnaient. . . .

   Je n'oublierai jamais ces sensations, cette journée.
   Le duc G. Torlonia, chez qui les inspirations poétiques de
l'artiste se joignent à la grâce et a la galanterie du grand
seigneur, fit hommage h chaque dame d'un des bouquets qui
décoraient en ce jour la cellule, bouquets composés de roses,
de violettes de Parme, de pensées, de branches d'orangers
fleuries. « En mémoire du Tasse, conservez-le! » nous dit-il.
J'ai rapporté le mien dans mon pays.
   Il nous restait encore une station a Sant' Onofrio, dans le
jardin du couvent et sous l'arbre séculaire, le dernier qui
ait prêté son ombrage au poète. Sur notre passage, on nous