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VISITE A SANT' 0N0FR10. H 7 cœur ! Mais écoutons encore un moment l'historien raconter les honneurs funèbres décernés a l'illustre poète. « A peine se fut répandue dans Rome la nouvelle de la mort du Tasse que toute la population accourut au couvent de Sant'Onofrio, voulant encore une fois voir le corps de son poète. Alors le cardinal Aldobrandini prépara pour les restes du Tasse cette pompe solennelle qui devait avoir lieu, lui vivant, dans ce même mois d'avril. Placé sur une litière d'honneur, couvert de la toge sénatoriale et couronné de lauriers, le corps du Tasse fut porté comme en triomphe par les rues de Rome, accompagné de tous les dignitaires et de l'élite des citoyens, en habit de cérémonie ; puis, reconduit à Sant' Onofrio où il fut enseveli, et l'on grava sur la pierre une inscription humble, comme l'avait désiré le Tasse. » Jamais les Auguste, les Stuarts, les Louis XIV sur- nommés cependant protecteurs des lettres, n'ont accordé de tels hommages aux funérailles de Virgile, de Shakspeare et de Racine. Et l'histoire est la pour témoigner lesquels des papes ou des rois ont le plus honoré et réellement aimé le génie! Je ne dirai rien des républiques ; on sait qu'elles versaient la ciguë à Socrate. Aux yeux terrestres des rois, le génie est seulement un souffle humain qu'ils daignent encourager quelquefois du haut de leur trône, parce que ce souffle utile h leur orgueil peut prêter un éclat plus vif a leur nom et a leur règne. Mais pour l'Eglise, le génie est une émanation divine, ce qu'il y a de plus grand en l'homme après la vertu ! Le lit de mort du Tasse devait être a peu près à la place de l'étagère, au fond de la chambre. La tradition et la dis- position des lieux s'accordent sur ce point; c'est aussi sans doute ce qui a fait placer à cet endroit le tableau représen- tant ses derniers moments. Remplis de respect pour cet asile sacré, nous murmurions à demi voix ces mots d'une