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1 16 VISITE A SANT' ONOFRIO. quable, présent du pape Clément VIII, et le baisa dévote • ment (1). « Le quatorzième jour de la fièvre, l'opinion des méde- cins étant que Torquato n'avait plus que peu d'heures a vivre, le cardinal Cinzio vint le visiter et lui apporter au nom du pape la sainte et pontificale bénédiction. Le ma- lade reçut ces deux faveurs avec une grande vénéra- tion, rendant grâce et disant « que c'était son couronne- « ment ! » (quella essere la sua coronazione ! ) Après l'avoir ainsi réconforté, le cardinal s'éloigna du mourant, retenant avec peine ses larmes, et a partir de ce moment, on ne laissa plus entrer personne dans la chambre, si ce n'est le confes- seur et quelques Pères d'une haute sainteté, qui venaient pieusement psalmodier entre eux, et quelquefois avec Tor- quato lui-même, afin de soutenir son esprit défaillant. Il demeura ainsi toute la nuit jusqu'au milieu du jour suivant, 25 avril, fête de Saint-Marc l'Evangéliste, que sentant venir sa dernière heure et lenant son crucifix étroitemeut em- brassé, il commença a proférer ces paroles : « In manus tuas, Domine... » mais il ne put pas même achever le ver- set; la carrière courte mais glorieuse de son existence mor- telle, terminée ici-bas, recommençait déjà son cours immor- tel dans la vie et la gloire éternelle de la céleste Jérusalem !» Même au prix de la vie douloureuse du Tasse, quel grand artiste ne voudrait ainsi mourir, avec cette foi vive, cette humilité profonde, cette quiétude d'esprit, cette bénignité du (1) Je n'ai pas pu m'assurer si ce crucifix est celui conservé dans l'éta- gère de la chambre du Tasse, à Sanl' Onofrio ; mais je ne le pense pas. Celui qu'on y voit est simplement désigné sur la liste des objets ayant appar- tenu au Tasse par ces mots : « Crucifix que le Tasse conservait en mé- moire de son père ! » Je n'ai pu voir celui qui lui fut donné par Clément VIII, j'ignore ce qu'il est devenu.