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106                     VISITE A SANT' ONOFRIO.

« funèbre cérémonie, honorait ainsi la mémoire du grand
« défunt et sanctifiait, par une prière fervente, sa religieuse
 « admiration.
   « Pendant tout ce jour et les suivants le peuple Romain,
« prévenu (1) des funèbres hommages qu'il était invité à
 « rendre au grand poète épique de l'Italie, accourut en foule
« proclamant la gloire du Tasse et ce devoir qui incombe
« à tous les peuples civilisés, d'honorer les gloires de leur
« pays.»
   Un panégyrique remarquable, et que j'ai sous les yeux, fut
prononcé en ce jour solennel par Tommaso Borgogno C. R.
S. devant tout ce que Rome possède de plus distingué. Je
regrette que les bornes de cet article ne me permettent pas
d'en citer quelques passages; l'orateur envisage le grand
poète et les phases diverses de sa vie au point de vue le plus
large, le plus élevé. Il dévoile surtout la glorification de
Torquato par la souffrance.
   Ce fut le 4 avril 1856, a midi, par un magnifique et brûlant
soleil d'Italie que nous nous rendîmes a Sant'Onofrio. La
permission du Pape m'autorisant moi et ma compagnie, j'avais
accédé volontiers au désir de quelques dames romaines qui
m'avaient fait demander par le duc G. Torlonia de se joindre à
moi pour visiter ce sanctuaire de poésie interdit aux femmes.
Parmi elles se trouvaient la Signora Tereza Gnoli, jeune
personne d'un talent poétique d'un ordre très élevé, auteur
d'un drame lyrique sur le Tasse ; la comtesse C. et sesfilles;
quelques Romains et un poète italien s'étaient joints au duc.

    (1) le 17 décembre, l'avis suivant se lisait sur les murs de Rome :
    « Dimanche, 17 décembre 1848, à 8 h. du matin sera ouverte au peuple
«   la cellule du couvent de Sant'Onofrio où demeura et mourut le Tasse,
«   laquelle a été réparée et ornée par les soins de quelques citoyens romains.
«   L'entrée n'est permise qu'aux hommes seuls. Italiens! accourez rendre
«   hommage au grand poète, à cette éclatante gloire de votre patrie ! »