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102 VISITE A SANï' ONOFRIO. directement au St Père dans l'audience particulière qu'il devaitbientôtnous accorder. Ce fut une heureuse inspiration. Non seulement Pie IX, dans sa bonté paternelle, et avec cette majestueuse affabilité, cette douceur harmonieuse qui le dis- tinguent, voulut bien me favoriser immédiatement de cette permission, dans un billet écrit et signé de sa propre main, et me l'octroyer de la manière la plus complète et la plus étendue, mais Sa Sainteté daigna condescendre encore a m'interroger sur mes sympathies pour le Tasse, mes études de sa vie, la manière dont je le jugeais, etc. « 11 ne faut pas oublier, me dit « Pie IX de sa voix sonore, (1) que le Tasse était éminemment « chrétien. 11 eut quelques faiblesses... il était homme ! mais « il a toujours été chrétien et surtout il est mort en bon « chrétien ! » En 1595, et dans ce même mois d'avriloù nous étions alors, le pape Clément V11I, qui avait appelé a Rome le malheureux Torquato, voulant réparer les injustices et les persécutions auxquelles fut en butte si longtemps ce grand poète,' lui décernait le triomphe des Scipions et des empereurs, réservé désormais par la religion aux grandeurs intellectuelles et bienfaisantes; et a près de trois siècles de distance je me rappelais ces circonstances si glorieuses pour le Tasse en écoutant un autre Pontife, successeur de Clément VIII, mais plus grand par le cœur et par le génie, honorer et bénir encore les vertus et la mémoire de l'illustre infortuné. Les détrac- teurs de l'église romaine, ceux qui l'accusent d'être hostile au progrès de l'esprit humain et des arts, oublient trop souvent qu'elle fut le refuge, la consolation du Tasse; et qu'elle encouragea Christophe Colomb ! (1) La voix doPie IX est d'un timbre extrêmement sonore et harmonieux. Pendant la semaine sainte, lorsqu'il officie à St Pierre, on l'entend au loin, mélodieuse, pleine, vibrante, répondant à la solennité des cérémonies et du lieu.