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                   VISITE A SANT'ONOFÎiïli.                  101

ne lui vint pas de mettre ses larmes au service de sa gloire,
et son silence, à partir de ces funèbres circonstances sur le
nom chéri qu'il avait immortalisé déjà dans ses vers, rappelle
les douleurs infinies sur lesquelles le peintre le plus consommé
jette un voile, désespérant a jamais de trouver des couleurs
pour les exprimer !
    Ainsi je suivis toutes les grandes lignes de cette existence
désolée pendant les quelques minutes que je demeurai
inclinée sur ce tombeau, et je me suis laissée aller involon-
 tairement a représenter mon poète, « il mio ïasso », tel qu'il
m'apparut a cette heure, en ce lieu, un souvenir évoquant
l'autre.
    L'église était complètement déserte ; mes compagnons de
voyage savaient ma vénération pieuse pour le Tasse et la
respectaient. Lorsque je retournai vers eux leur physionomie
m'annonçait une vive contrariété ; un des pères de St Jérôme
leur apprenait que la clôture de l'ordre étant excessivement aus-
tère", les femmes ne pouvaient entrer dans le monastère visiter
la chambre où le Tasse était mort. Rien ne m'avait préparée a
cette restriction. Je me résignai cependant, après m'êlre bien
assurée de l'impossibilité d'être admise, sans une permission
expresse du souverain Pontife. Mes compagnons me promirent
de me rendre un compte exact de ce lieu intéressant, et des
objets qu'il renfermait; mais, pourraient-ils me communiquer
les impressions que j'en aurais reçues et me représenter les
choses avec les teintes que mon cœur et mes yeux leur
eussent trouvées ? Aussi, je pris bien la résolution de ne pas
quitter Rome sans tâcher d'obtenir une entrée de laveur.
J'étais venue en Italie chercher pas à pas les vestiges du
Tasse! Je m'adressai d'abord a des cardinaux et a des
Romains d'un rang distingué, tous envisagèrent'la difficulté
comme insurmontable. Je ne me décourageai pas, et après
y avoir mûrement réfléchi, j'eus la pensée de m'adresser