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iOO                    VISITE A SANT' ONOFRIO.

appliquer a ses dernières années cette magnifique parole de
Bossuet à la prise d'habit de Mm0 de Lavallière: qu'elle ne
voulait plus respirer que du côté du ciel !
   Le choix de son amie avait été digne de lui, et rien ne fait-
disparate dans cette belle vie. D'après les auteurs italiens,
Eleonore d'Esté, âgée de vingt-huit ans lorsque Torquato la
vit pour la première fois, menait h la cour de son frère, au
milieu des fêtes et malgré sa beauté, une vie grave et retirée.
La majesté de son maintien inspirait le plus profond respect;
elle était simple, dédaignait le faste et protégeait de tout son
cœur ceux que la fortune avait maltraités , pourvu qu'ils
fussent riches de bonté et d'intelligence. Le peuple de Ferrare,
dans son admiration et son estime, allait jusqu'à la vénérer
comme une sainte, et le Tasse, l'ayant particulièrement en
vue dans son bel épisode d'Olinde et de Sophronie, a donné la
plupart de ses traits a cette pure héroïne.
                            XIV CHANT II.
         Vergin cra fra lor di già malura
         Verginitâ d'alti pensicri c régi,
         D'alta beltà ; ma sua beltà non cura,
         0 tanto sol, quant'onestà sen fregi :
         E il sno pregio maggior, che tra le mura
         D'angusla casa ascondc i suoi gran pregi ;
         E de'vagheggiatori clla s'invola
         Aile lodi, agli sguardi, inculta c sola (1),

   Lorsque dans le cachot de Ferrare , l'infortuné poêle apprit
la mort d'Eléonore, son affliction. extrême ne put trouver de
chant sur cet événement fatal. En lui le désespoir semble
avoir foudroyé la lyre ! Exempt de vaniteux égoïsme, l'idée
  (1) « Une vierge étaitparmi eux, d'une àmc élevée, d'un cœur digne d'une
« couronne. Belle, mais dédaignant sa beauté ou n'y cherchant que ce qui
« donne du lustre à sa vertu. Son mérite le plus grand est de cacher son
« mérite dans les murs d'une humble demeure ; là, seule et négligée, elle se
« dérobe aux yeux, aux louanges, aux hommages des mortels. »