Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
68                                NOTICE

 et en français ; il renferme des documents très-curieux sur
 la méthode pratique de la peinture.
    Cependant, la plus grande partie des peintres sachant
 que les huiles en usage alors étaient funestes dans les
tableaux, avaient adopté la peinture à l'œuf, procédé fai-
ble , pâle , se conservant assez bien et n'offrant que fort
 peu de ressources pour de grands travaux.
    Mais, nous dira-t-on, pour quelle raison Jean de Bruges
a-t-il passé si longtemps pour l'inventeur de la peinture a
l'huile? pourquoi le coloris de ses tableaux était-il maté-
riellement si remarquable, chose qui ne serait point arrivée
s'il eût suivi la route commune ? et pourquoi se montra-t-
on si empressé a connaître son secret ?
    Jean de Bruges n'inventa point le procédé a l'huile connu
dans tous les temps et dans tous les pays ; mais, plus savant
que les autres dans le matériel de la peinture d'alors, il en
avait reconnu l'insuffisance , et cherché les moyens d'y
 remédier.
    Il trouva pour ce procédé un moyen dessicatif et congluti-
natif, en faisant cuire ses huiles et, enleur associant certaines
résines translucides, il sut en composer une mixture qui
donna aux couleurs du ton , du brillant, et permit de
les parfondre admirablement. Ce perfectionnement, très-
remarquable , en devenant usuel, fut appelé une inven-
 tion (1).
    Quoi qu'il en soit, le perfectionnement dû a Jean de Bru-
ges pourrait aussi lui être contesté, car il est presque en
entier décrit dans un passage du manuscrit de Théophile,
   (1) Après un examen approfondi des peintures de ce maître, nous se-
rions assez porté à croire que le mélange qu'il produisit ne servait point à
broyer les couleurs, mais qu'il leur était associé au pinceau en travaillant
et qu'il formait ensuite une couche finale passée également sur le tableau.
Ce qui surtout nous confirmait dans cette opinion , c'est que les tableaux
de Jean de Bruges paraissent exécutés d'un seul jet, tellement la fonte des
couleurs est complète. L'absence de toute espèce de touche ou d'aspérité
est encore une remarque en faveur de notre opinion.