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SUR LA PEINTURE A HUILE. 69 à la date de 1100 , et par conséquent deux cent cinquante ans avant cette prétendue découverte. Ce passage com- mence ainsi : Pone oleum Uni in ollam novam parvulam et adde gommi, quod vocatur fornis, minutissime tritum, quod habet speciem lucidissimi tkuris, sed cum frangitur, fulgo- rem clariorem reddit, etc., etc. (1). Ce passage désigne parfaitement l'action de l'introduc- tion de résine transparente dans les huiles, et c'est certai- nement avec l'aide de manuscrits antérieurs a son siècle que Jean de Bruges trouva l'espèce de perfectionnement dont il sut se servir si heureusement, et qui se répandit ensuite dans l'Italie de la manière suivante. Après plusieurs essais plus ou moins heureux, il pro- duisit un tableau qu'il jugea digne d'être présenté a Al- phonse Ier, roi de Naples. Cet ouvrage avait un coloris si extraordinaire, comparativement aux peintures d'alors, qu'il surprit vivement le roi et tous les savants napolitains. Antonello de Messine, peintre sicilien qui avait étudié dans les principales villes d'Italie et s'était fixé à Messine, sa patrie, se trouvant momentanément à Naples, entendit parler du tableau que le roi avait reçu de Flandre. Courant au palais, il resta émerveillé devant cet ouvrage, et ré- solut de suite de partir pour la Flandre. Ce projet étant exécuté à l'instant même, il arriva chez Jean de Bruges, trouva le moyen de se lier d'amitié avec lui, et enfin n'épar- gna rien pour lui arracher son secret. Il resta en Flandre jusqu'à la mort de son nouveau maî- tre, arrivée en 1448. Il retourna alors en Sicile, et étonna (1) Malgré toutes nos recherches nous n'avons pas pu découvrir encore quelle était la substance résineuse désignée par le moine Théophile sous le nom de fornis. Ce n'était point une gomme, l'expression dont il se sert est impropre ; les gommes proprement dites, ne sont point solubles dans l'huile mais seulement dans l'eau. C'était donc une résine ou au moins une gomme résine. Nous serions porté à croire que c'était du succin du karabé, ou bien une espèce de copal.