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LE PÈRE DE LA CHAIZE. 49 naire de madame de Montespan, remplit assidûment le même ministère auprès de mademoiselle de Fontanges. La r e i n e , qui n'ignorait pas son dévoûment à défendre sa cause, lui voua le plus profond attachement. Dans un voyage qu'elle fit à Cham- bord avec elle, elle lui donna son portrait enrichi de diamants, faveur unique et que la marquise mettait au-dessus de tout. L'année suivante, mademoiselle de Fontanges, malade et dé- laissée avait disparu de la scène, et madame de Montespan , fatiguée de lutter contre l'ascendant toujours croissant de ma- dame de Maintenon et du Père de la Chaize, se jeta dans la dé- votion. Le roi, depuis ce temps, ne la vit plus en particulier. Le succès de cette retraite définitive fut attribué par tous les écrivains d'alors à l'influence du confesseur, secondée puissam- ment par madame de Maintenon. A partir de cette époque, Louis renonça pour jamais aux maîtresses. Après avoir obtenu ce beau triomphe, Madame de Maintenon, voulut se retirer de la cour ; mais le roi l'y retint en la nommant seconde dame d'atours de madame la Dauphine. « Depuis lors, dit son éloquent historien, elle ne fut plus sous la dépendance de madame de Montespan, et elle sentit tomber ses chaînes avec délices. » Pendant les trois années qui suivent, Louis XIV, qui s'était in- sensiblement rapproché de la reine, s'efforçait, par d'exquises prévenances et par une conduite sans reproche , de lui faire oublier tous les chagrins qu'il lui avait causés. Vingt ans d'a- bandon avaient vieilli Marie - Thérèse avant l'âge ; soit fierté, soit qu'elle pensât que toute plainte serait inutile, elle avait supporté en silence les nombreuses infidélités du roi. « C'était une sainte, dit la Beaumelle (1); son caractère l'eût faite carmélite, sa naissance la plaça sur le trône. » (1) M. le duc de Noailles suppose à tort, dans son Histoire de madame de Maintenon, que ce fut l'aumônier de la reine qui assista cette princesse à ses derniers moments : la lettre suivante prouve que ce fut réellement le P. de la Chaize ; elle confirme, à n'en pas douter, le récit de la Beaumelle. 4