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confiance qu'à celui que ses amis appelaient « l'élu de la démocratie lyonnaise » et qui
n'était au fond que Velu d'une vingtaine d'individus.
      Le comité de Londres envoya environ 500 cartes d'adhérents que les militants se
partagèrent, distribuèrent au hasard « et dont quelques-uns n'ont jamais rendu
compte ».
      Autour de Schettel il y avait un rentier, Monier, qui prêtait à la petite semaine,
avec usure, disait-on ; un imprimeur, Thomain, ancien gérant de deux journaux
locaux, le Guignol et le Gnafron ; Sippel, chaudronnier aux ateliers du chemin de fer,
à Oullins ; deux navetiers, Durand et Conte ; un tisseur, Maire ; et Meyer, « employé
de chemin de fer ».
      Mais les physionomies les plus accusées des amis de Schettel étaient Richard
père et Richard fils. Richard père était teinturier, son fils, Albert, se donnait alors
comme « homme de lettres ». Nous aurons à parler plus longuement du rôle important
de ce dernier dans l'Internationale.
      C'est à la suite de la désignation de Schettel et des hommes qui l'entourèrent et
l'aidèrent dans ses premiers « mouvements de correspondant de l'Internationale » que
furent créés les groupes adhérents et que furent organisées des relations avec d'autres
localités. Des délégués furent envoyés aux congrès de Genève et de Lausanne, mais la
démocratie lyonnaise, tout en devenant chaque jour plus républicaine, considérait
avec indifférence l'action de Schettel et de ses amis, les plus proches, Bonnet, tisseur,
Blanc père et Faure. Ce dernier n'inspirait pas confiance car il avait dû — disait-on —
se réfugier à Zurich à la suite de diverses « escroqueries commerciales ».
      A son début, le comité dont on vient de lire la composition, n'avait pas de lieu
d'organisation. Londres répondait avec méfiance et finalement mit en jugement le
comité au complet. Il fallut, alors, préparer de nouveaux hommes à la lutte, et tels que
les promoteurs de l'Internationale à Londres pussent « causer » avec eux.
      Cette deuxième fraction de l'Internationale, qui fut cependant assez vite formée,
offre ceci de très particulier que les nouveaux membres désignés étaient tous connus
pour avoir des opinions essentiellement et uniquement socialistes. Ils allèrent même
jusqu'à affirmer qu'ils demeureraient « complètement étrangers aux partis radicaux ».
 D'ailleurs, leur programme est net. Il se résume en trois mots qui ne semblent pas,
 pourtant, se compléter l'un par l'autre : « Athéisme, Communisme, République » *.
 Ils désirent « rallier à ces idées contenues dans ces mots » les sociétés ouvrières de
 Lyon.



     1. « La démocratie politique lyonnaise, dont la fraction ouvrière s'essayait au socialisme, avait encore
au plus haut degré les instincts et les habitudes historiques du jacobinisme» (Testut,l'Association inter-
nationale).
     Dans le même livre, Testut donne cette heureuse définition de l'esprit révolutionnaire lyonnais :
« Beaucoup de révolutionnaires sincères s'étonnent qu'à la suite de l'enterrement de Victor Noir, les Pari-
siens n'aient pas fait une révolution. Les Lyonnais se déclarent indifférents à cette révolution possible.
Qu'aurait-elle apporté aux travailleurs i ».