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— 107 — confiance qu'à celui que ses amis appelaient « l'élu de la démocratie lyonnaise » et qui n'était au fond que Velu d'une vingtaine d'individus. Le comité de Londres envoya environ 500 cartes d'adhérents que les militants se partagèrent, distribuèrent au hasard « et dont quelques-uns n'ont jamais rendu compte ». Autour de Schettel il y avait un rentier, Monier, qui prêtait à la petite semaine, avec usure, disait-on ; un imprimeur, Thomain, ancien gérant de deux journaux locaux, le Guignol et le Gnafron ; Sippel, chaudronnier aux ateliers du chemin de fer, à Oullins ; deux navetiers, Durand et Conte ; un tisseur, Maire ; et Meyer, « employé de chemin de fer ». Mais les physionomies les plus accusées des amis de Schettel étaient Richard père et Richard fils. Richard père était teinturier, son fils, Albert, se donnait alors comme « homme de lettres ». Nous aurons à parler plus longuement du rôle important de ce dernier dans l'Internationale. C'est à la suite de la désignation de Schettel et des hommes qui l'entourèrent et l'aidèrent dans ses premiers « mouvements de correspondant de l'Internationale » que furent créés les groupes adhérents et que furent organisées des relations avec d'autres localités. Des délégués furent envoyés aux congrès de Genève et de Lausanne, mais la démocratie lyonnaise, tout en devenant chaque jour plus républicaine, considérait avec indifférence l'action de Schettel et de ses amis, les plus proches, Bonnet, tisseur, Blanc père et Faure. Ce dernier n'inspirait pas confiance car il avait dû — disait-on — se réfugier à Zurich à la suite de diverses « escroqueries commerciales ». A son début, le comité dont on vient de lire la composition, n'avait pas de lieu d'organisation. Londres répondait avec méfiance et finalement mit en jugement le comité au complet. Il fallut, alors, préparer de nouveaux hommes à la lutte, et tels que les promoteurs de l'Internationale à Londres pussent « causer » avec eux. Cette deuxième fraction de l'Internationale, qui fut cependant assez vite formée, offre ceci de très particulier que les nouveaux membres désignés étaient tous connus pour avoir des opinions essentiellement et uniquement socialistes. Ils allèrent même jusqu'à affirmer qu'ils demeureraient « complètement étrangers aux partis radicaux ». D'ailleurs, leur programme est net. Il se résume en trois mots qui ne semblent pas, pourtant, se compléter l'un par l'autre : « Athéisme, Communisme, République » *. Ils désirent « rallier à ces idées contenues dans ces mots » les sociétés ouvrières de Lyon. 1. « La démocratie politique lyonnaise, dont la fraction ouvrière s'essayait au socialisme, avait encore au plus haut degré les instincts et les habitudes historiques du jacobinisme» (Testut,l'Association inter- nationale). Dans le même livre, Testut donne cette heureuse définition de l'esprit révolutionnaire lyonnais : « Beaucoup de révolutionnaires sincères s'étonnent qu'à la suite de l'enterrement de Victor Noir, les Pari- siens n'aient pas fait une révolution. Les Lyonnais se déclarent indifférents à cette révolution possible. Qu'aurait-elle apporté aux travailleurs i ».