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— 46 — LE P A R F U M D E LA T E R R E O Terre, sur ton cœur j'aime à poser mon cœur; Le visage dans l'herbe épaisse, Je goûte à respirer ta profonde senteur Je ne sais quelle obscure ivresse. Ton parfum n'est-ce pas le parfum souverain, Dont l'univers même s'embaume i L'odeur des fleurs, l'odeur des fruits, l'odeur du pain Vivent déjà dans cette arôme. Il est sauvage et tiède, il est âpre et puissant. A humer sa liqueur subtile, Il me semble parfois que j'aspire le sang Qui bout en tes veines d'argile Et pendant que, pareil à celui d'un amant Contre le tien mon cœur s'appuie, Je savoure ton âme et je bois longuement Le souffle même de ta vie! SUR U N NUAGE Sans ressembler à rien d'humain, il est très beau : Etre de grâce et de lumière, Il va. Le ciel paraît plus limpide et plus haut Autour de sa blancheur altière. Né tout à l'heure, il va mourir dans un moment, Mais son destin si court l'enivre, Mais sa forme légère exprime purement Son fragile bonheur de vivre, Et la fraîcheur du vent, et la fierté du vol, Et les voluptés de l'espace, Et les puissants parfums exhalés par le sol, Où son ombre élégante passe. Il fond comme un flocon de neige dans la mer; Il se perd dans l'inaccessible; Un instant apparu comme un esprit de l'air, Il est rentré dans l'invisible. Louis MERCIER.