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 rum discordiarum materiafuit . Les évêques voisins cherchèrent à lui oppo-
 ser les décisions du synode de Turin. Mais l'alliance du patrice Constance
 et du pape Zosime brisa leurs résistances2.
       Ainsi l'élévation progressive de Constance III s'est faite par Arles et
 dans Arles. Réciproquement, la renaissance d'Arles, aux suprêmes années
 de l'Empire, est l'Å“uvre de Constance III. S'il est vrai, comme on l'admet
 aujourd'hui avec M. Frotingham 3, que les arcsfièrementdressés par les villes
 romaines avaient pour but d'exalter, en un même hommage, l'accroisse-
 ment de la cité et la puissance de l'empereur, il n'y a point de doute que
l'arc du Rhône n'ait glorifié ces grandeurs associées : l'Arles du ve siècle et
 Constance III. Quels que soient donc les compléments qu'on adopte pour
 ... ori s[u]o, à la seconde ligne de sa dédicace, que les Arlésiens aient consa-
cré l'ancienne splendeur de cet insigne monument de leurs aïeux restitut ]ori
s[u]o — ou reparat]ori s[u]o — ou defens]ori s[u]o — ou proteci)ori s[u]o
(pour ne faire appel qu'aux restitutions les plus banales) 4, Constance III
méritait chacun de ces noms et tous à la fois ; et c'est assurément lui que
les Arlésiens, rendus par lui à l'unité de l'Empire, honorèrent, à son avène-
ment, par l'offrande, face au Rhône sur les bords duquel il avait taillé en
pièces les Burgondes d'Erdobicus 5, tenu les Goths en respect et ranimé la
vie politique des Gaules, de l'arc que leurs ancêtres y avaient érigé aux
premières années de la colonie :

       i. Chron. minor., a. 412, I, p. 466.
       2. Cf. L. Duchesne, op. cit. loc. cit., p. 171 et suiv. Les conclusions de Mgr Duchesne ne me paraissent
 nullement ébranlées par la thèse, vigoureuse et subtile, mais erronée, de Babut, de glorieuse mémoire, sur
 le Concile de Turin, Paris, 1904. Il est possible, comme le veut Babut, que le concile de Turin ait été dédou-
 blé, qu'il y ait eu, soit, comme Babut l'a soutenu, deux conciles de Turin, soit, comme une correction de
 Mommsen (Chronica minora, 1, p. 553) invite à le penser, un concile de Tours et un concile de Turin, le
premier ayant connu de l'affaire de Brice de Laval, et le second des prétentions de l'évêque d'Arles. Mais le
second, même s'il est postérieur à l'élévation de Patrocle à l'épiscopat (412), s'est forcément tenu avant 417.
Toute l'argumentation de Babut pour le différer jusque-là repose sur la supposition désespérée que la lettre
du pape Zosime, du 29 septembre 417, est une réponse aux décisions prises par le Concile de Turin
et fixées dans une lettre synodale inscrite à un 22 septembre dont nous ignorons l'année. Les relations pos-
tales entre Turin et Rome excluent, pour l'époque, la rapidité de communications qu'implique cette hypo-
thèse. La constitution de 418 a mis 35 jours pour franchir la distance entre Ravenne et Arles (Data XV
Kal. Maias. Accept(a) Arelato X Kal. Iunias) ; et le pape n'était pas encore l'empereur. (Voir, du reste,
dans la Revue historique, 1905,1, p. 278-302, et surtout, p. 283, l'argumentation de Mgr Duchesne, et la cri-
tique de Chr. Pfister, ibid., p. 312-316).
      3. Frotingham, Revue archéologique, 1895,11, p. 216 et suiv., et American Journal of Archaeology, 1916,
p. 155 et suiv.
      4. Ou encore condit~\ori, auct]ori, liberat]ori... On n'a que l'embarras du choix.
      5. Sozomène, IX, 13 et 14.