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    Cette remarquable synthèse des doctrines décentralisatrices se clôt sur
un passage prophétique :

     « Et si, qu'à Dieu ne plaise ! la France venait à subir les suites d'une
guerre malheureuse et les conséquences d'une invasion, il n'existe plus,
dans ce pays matériellement centralisé et privé partout d'institutions
locales, aucun élément de durée pour la nationalité française. C'est sur le
roc des institutions locales que l'on a toujours fondé et que seulement on
peut fonder réellement l'esprit public d'un grand peuple. Sans l'amour de
la patrie partielle il n'y a pas d'amour pour la patrie totale ».

      Après ces diverses mises au point, Gobineau ouvre le feu par une Etude
sur les municipalités. Celles-ci sont chargées de prendre en main les intérêts
locaux ; à cet effet, elles accueillent dans le conseil des villes les concitoyens
les plus qualifiés, tous gens de métiers et très au courant des nécessités
économiques de leur région. Mais les municipalités ne peuvent rendre les
immenses services qu'on attend d'elles, que si l'Etat ne les étouffe d'une
continuelle pression. Il importe de distinguer nettement les droits des
communes et ceux de l'Etat. La liberté municipale est donc « l'action indé-
pendante de tout ce qui est inhérent à l'administration des villes, sans pré-
judice des droits souverains de l'Etat ».
      Dans la dernière partie de cette étude, Gobineau traite du point de vue
historique les diverses fortunes que le système municipal a subies sur le sol
de France. C'est peut-être le passage le plus neuf de ce travail, car on y
trouve en germes quelques-unes des idées essentielles de Y Essai sur Vinéga-
litédes races humaines. Déjà, en effet, notre auteur s'élève contre la domina-
tion despotique de Rome et combat le système oppresseur des Romains,
leurs castes, leur bureaucratie et ce fameux Digeste que ces fougueux vain-
queurs devraient imposer au monde.
      Il n'est pas sans intérêt de lire, après cette étude, le Projet de constitu-
tion au point de vue de la centralisation administrative, de Louis de Kergor-
lay. Le jeune royaliste critique vivement la constitution de 1848 qui est
l'institution d'une assemblée unique à la place de deux chambres. Il montre
les dangers de cette assemblée unique, même corrigée par la création du