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— 51 — des magasins impériaux *, jouissait, vers le milieu du IVe siècle, de la plé- nitude de sa sécurité et de sa richesse. Au surplus, le texte d'Ammien Marcellin, pour peu qu'on en suive de près les indications, écarte également la personnalité de Constance II. En soldat qu'il est, Ammien s'étonne et s'indigne de la facilité avec laquelle Constance II, moins heureux contre les barbares qu'avec ses rivaux du dedans, a éternisé, sur le budget des provinces, le souvenir des désastres qu'il leur avait infligés à elles-mêmes, et élevé des arcs de triomphe où se lisaient des exploits de guerre civile : ut autem in externis bellis hic princeps fuit saucius et adflictus, ita prospère succedentihus pugnis civilibus tumidus et intestinis ulceribus reipublicae sanie perfusus horrenda : quo pravo proposito magis quant recto vel usitato triumphalis arcus ex clade provinciarum sump- tibus magnis erexit in Galliis et Pannoniis, titulis gestorum adfixis, quoad stare poterunt monumenta iecturis 3 . Or, s'il est possible, vraisemblable même, qu'Arles ait été ornée par les soins de Constance II d'un de ces honteux trophées, il nous est in- terdit assurément d'en chercher la trace à l'arc du Rhône, dont la construc- tion remonte aux premiers temps de la cité et sur la dédicace duquel il n'y a pas de place pour une allusion, si brève soit elle, à la récente défaite de Magnence et à la gloire que Constance dut s'en attribuer 3. i. C.,p. IOO, loa, 151. 3. Amm. Marc, XXI, 16,15. 3. Il est loisible aux amateurs d'hypothèses de supposer que l'arc admirable a été refait ou dédoublé (cf. supra, p. 48) par les soins de Constance II ; et cette conjecture pourrait, au besoin, s'appuyer sur le nom de la porte qui s'est élevée, au moyen âge, dans le voisinage et avec les débris de l'arc admirable .-Porte de Laure. M. L. A. Constans a rappelé l'étymologie de Valeriola —porta Venti — et de Mistral — de l'Auro, du Nord, du vent du Nord. Il ne l'adopte pas, pour l'excellente raison qu'il a existé à Arles, jusqu'en 1484, une porta Amusa qui était au Nord de la ville, alors que la porte de Laure s'ouvrait au Sud. Il préfère (p. 337, n. 1) rapprocher cette dernière, toute voisine de l'ancien couvent de Saint-Césaire, du bas-latin Laura, monastère. N'y aurait-il point lieu d'envisager une troisième explication i Depuis la fin du ive siècle, — haec loca Theu- dosius décora post fata tyranni aurea saecla gerit qui portam construit auro — la porte de Constantinople sous laquelle passe l'empereur triomphant, et qui était la porte par excellence(«Das Thor der Stadt war xa-:' sçoy rj v», dit Strzygowski, lahrb. des k. d. arch. Instituts, 1893, p. 1), s'appelle la porte d'or— y p u 3"r[ TTUÀY) , y 0 u TT[ TÃO O~7| (cf. les textes cités par Strzygowski, ibid., p. 4 et suiv.), en latin, porta aurea ; et ce nom a émigré dans d au- tres villes de l'Empire, où il désigna la plus belle des portes de l'enceinte, sa porte « royale » (cf. notamment, la porta aurea de Spalato, dont l'appellation, attestée dès le xvie siècle, remonte au moins jusqu'à l'époque byzantine, et qu'ont parfaitement étudiée Hébrard et Zeiller, Spalato, le Palais de Dioctétien, Paris, 1913, p. 30 et suiv.). Pourquoi ne serait-il pas parvenu jusqu'à Arles pour s'appliquer à la porte élevée à l'origine de la cité, renouvelée par l'orgueil de Constance II, et orientée vers Rome i L'arc admirable aurait été, dès le Ve siècle, la porta aurea ; et cette dénomination courante aurait, par une consonnance inévitable, frayé les voies à la « porte de la Laura » du moyen âge.