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 tenu absent de ceste ville cinq ans et plus pendant lesquels je suis contrainct
 de confesser mon infirmité les afflictions ont emporté avec la fleur de mon
 aage la mémoire de ce qui estoit auparavant.
       « J'ay trouvé à mon retour la mémoire du desordre si fraische que je
 n'ay osé entreprendre de redresser l'arbre qui avoit desja prins force en sa
 tortuosité, si j'ai en cela lasché de la constante volunté que je debvois avoir
 à la distribution esgalle de la justice, je supplie la Court de m'en excuser et
 rejecter la réparation sur le mal passé et sur l'espérance et la créance que je
la supplie de prendre de mieux à l'advenir; ceste senechaucée, Messieurs,
 est en apparence de grande estendue mais en effect restraincte dans une
 ville et petite province. Dans la province, il y a seullement deux chastelle-
 nies royalles, renfermées dans un fort petit distroit, dans la ville (bien que
 grande) la pluralité de jurisdictions qui ont este eclipscés de la nostre et
 qui taschent d'estouffer leur souche et leur source nous retient dans une
petite jurisdiction par le peu d'intelligence qu'il y a entre nous par les entre-
prinses ordinaires au préjudice de nos pouvoirs, que c'est un vray subject
 du règlement et de la sollicitude de la court ; j'ajouteray encor la multiplicité
d'officiers en nostre siège, soit au nombre de magistratz, soit en compte de
ministres de la justice tout cela avec beaucoup de confusion et desordre
entre les membres d'une mesme corps que les chefs sont bien empeschés à
composer et entretenir l'armonie qui est l'ame de la justice ; c'est ce que je
veux représenter en gros à la Court, que je supplie très humblement pren-
dre en bonne part et y apporter la température et l'ordre pour l'advenir que
chascun attend, que nous désirons sur les particulliers actuels que nous
présenterons quant il plaira à la court de l'ordonner. Nous offrons donc-
ques en second lieu à la Court tous nos vœux, nos désirs et voluntés comme
des tables d'attente prestes à recepvoir les impressions qu'il lui plaira y
marquer par ses ordonnances et arretz soubz lesquels nous ployerons avec
l'honneur le respect la fidélité et la juste hobéissance que nous debvons ».
      Pendant le cours de cette séance, maîtres Jacques Bellanger et Charles
Faie, conseillers clercs, sont désignés pour visiter les « abbayes d'Aisnay
(Esné) et aultres monastères églises et léproseries » afin de se rendre compte
si « la régularité y est gardée ». Ils devront ensuite fournir à la cour un pro-
cès-verbal de leur visite.