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     « Je vous enverrai... la satire adressée à M. Victor de Laprade, médiocrité que la
Fusion patronne et qui n'a pas d'opinion, pas plus que de valeur littéraire. Vous serez
seul à recevoir ces pages à Grenoble. Il n'a pas paru convenable de les donner dans les
colonnes de la France (littéraire). Une coterie dont je connais les meneurs (inter quos
Gaill (ard) pouvant m'en faire un crime, et désirant moi-même ne brûler mes vaisseaux
que pour des choses capitales. Je pense tout ce que cette satire vous énoncera ».
      Quatre jours plus tard, à propos de Gaillard qui « en 1848, s'était porté à la dépu-
tation comme républicain », Peladan dit encore :
     « Il est ami de Laprade. Il pousse à l'élection de ce dernier (à l'Académie française)IO
avec la coterie Montalembert-Falloux. Mais qu'irais-je faire là-dedans i En évitant de
publier la satire contre Laprade, je prouve que je n'ai nulle envie d'être étourdi ou témé-
raire. Je vous dirai même que de nombreux amis tenaient à l'insertion de la satire. Je l'ai
éludée. L'auteur l'a imprimée. J'en ai eu quelques exemplaires que je cache et dont un a
été glissé dans votre numéro. Je reste donc étranger à l'agression et ces messieurs ne
peuvent que m'en savoir gré ».


      L'organe des légitimistes lyonnais était alors la Gazette de Lyon, établie rue Sala, 48.
Ce journal, fondé le 5 avril 1845, a v a it remplacé le Réparateur (ancienne Gazette de Lyon)
et fusionné, depuis le 17 avril 1849, avec l'Union nationale, créée l'année précédente. Le
propriétaire du journal était M. Honnorat ; son rédacteur en chef Théodore Mayeri,
qu'assistaient MM. Labori et Blanchon ; ses collaborateurs ordinaires signaient Hyver-
nat, Alexandre de Saint-Chéron (Lettre parisienne), Morel de Voleine, Terret, A. Du-
fieux, R. de Mortemart, Chaurand, F. de Lacombe, Monnier. Peladan recevait la Gazette
de Lyon « en en déduisant le prix de (son )journal ».
      « Je n'ai cru (dit-il) pouvoir engager avec (la Gazette de Lyon) que des rapports
indirects. C'est si étrange que l'intérieur de ce journal! Mayeri est là un commis aux
écritures ; nulle valeur comme influence. Une, deux, trois coteries s'y réunissent : celle
des hauts patrons, celle de quelques amis moins haut placés et qui sacrifient tout à la
vanité d'insérer un article, enfin celle que représente (de) Gaillard, c'est-à-dire les
tireurs de marrons de ce journal... en espérance. Il n'y a là rien de grand ; Fusion et tout
ce qui regarde de pareilles misères, voilà cet organe ! Il n'a pas en tout mille abonnés, ne
voit d'autre politique à faire que la politique d'agression et non ces hautes considérations
sociales qui, aujourd'hui, dominent tout. A Lyon, moins quelques bonnes gens, le nom
de Gazette de Lyon est synonyme de médiocrité, de nullité. Je n'invective pas, je vous dis
ce qui est, et je suis au-dessous de la vérité ».
      Il écrit encore :
      « Comment s'expliquer l'absence totale (dans ce journal) d'articles de fond;' Je
sais..., d'après des aveux, que l'on ne tient pas à avoir une forte rédaction ; une foule
d'amours-propres y trouvent leur satisfaction. Je rends justice à ses « Lettres de Naples ».

    10. Victor de Laprade, alors professeur à la Faculté des lettres de Lyon, fut élu membre de l'Académie
Française le 11 février 1858.