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découverte et celui où il est actuellement. La bordure n'existe plus et on a
supprimé trente-huit caissons ; nous ne retrouvons aucune des six rosaces
qui existaient dans le bas ». En fait, Comarmond n'a vu ni les cinquante
animaux ni les six rosaces. Ses souvenirs le trompent, comme ils le trompe-
ront un peu plus loin, lorsque, décrivant sans l'avoir sous les yeux l'entou-
rage d'Orphée réduit à douze animaux, il le subdivisera en cinq quadrupè-
des et sept oiseaux. Je ne discerne pas l'origine de son erreur en ce qui con-
cerne les six rosaces. Quant au nombre 50, il avait pu le lire dans l'inventaire
de 1833 par Artaud ; sa mémoire lui aurait ainsi joué le double mauvais tour
de retenir le nombre faux après avoir oublié le nombre juste. Le cas d'Ar-
taud rédigeant cet inventaire fut sans doute pareil. Pas plus que Comar-
mond U. ne prit la peine de se reporter à la planche, ce qu'il eut soin de faire
lorsqu'il rédigea sa notice de 1835 ; et je croirais volontiers que le nombre
50 lui a été suggéré par Cochard, avec lequel sa notice de l'inventaire offre
une autre concordance frappante, l'évaluation des mesures, « plus de 20
pieds par 12 à 15 ». Cochard, lui, a vu la mosaïque primitive. Mais l'a-t-il
bien vue ? L'a-t-il regardée aussi attentivement et détaillée aussi soigneuse-
ment que le dessinateur d'Artaud ? Ce qui prouve que non, c'est sa remarque
bizarre que quelques-uns des animaux — et non pas la moitié des animaux
— sont disposés en sens contraire des autres. A-t-il compté les caissons ? De
leur nombre il ne semble pas avoir été bien sûr, car il avait d'abord écrit
« une quarantaine de tableaux ». Quant aux rosaces, dont il a cru voir qu'une
partie des caissons étaient ornés, il aura pris pour telles les fleurs qui gar-
nissaient les intervalles des octogones ou bien les rinceaux qui décoraient
les quatre octogones tronqués par le tableau central. Bref, 44 me paraît
infiniment plus probable que 50, pour ne pas dire certain.
      3. Au reste, la planche d'Artaud laisse beaucoup à désirer sous le rap-
port de la fidélité. Elle nous montre dans un état parfait de conservation le
pavement que les marbriers jugèrent à première vue inutilisable ; dont on
ne pouvait, de l'aveu même d'Artaud, sauver que le tableau central et les
 animaux les moins endommagés ; dont, toujours d'après Artaud, on aurait
 eu, si on avait voulu le rétablir intégralement, à refaire la moitié. Entre le
 moment où elle fut exhumée et celui où elle fut enlevée, la mosaïque eut à
 souffrir des intempéries ; sans doute : Artaud affirme que pendant l'hiver