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plus capitales et des plus belles qui soient » à sa connaissancex ; jugement
plausible, si on le rapporte au pavé primitif, remarquable par ses dimen-
soins, tout au moins, et le nombre de ses tableaux ; mais que l'on ne saurait
appliquer à notre mosaïque réduite. L'œuvre était d'une époque assez
tardive, du IIIe siècle sans doute, et plutôt de sa fin que de son début.
Alors le système hexagonal, puis le système octogonal, ont remplacé le
système quadrangulaire ; le cadre géométrique a pénétré et morcelé le
tableau central. « A mesure que ses lignes se multiplient et s'étalent, les
motifs qu'elles isolent se rétrécissent et se simplifient... Comme les figures
ne sont plus assemblées, l'artiste cède à la tentation de les isoler tout à fait,
même quand elles font partie d'un ensemble. Par exemple, il n'hésite pas
à séparer par un large tresse d'encadrement deux gladiateurs qui se meu-
vent l'un contre l'autre ou un chasseur et la bête qu'il poursuit » ; ici, le
chanteur et les animaux qu'il attire vers lui. « Tantôt le mosaïste dissémine
les images analogues dans les divers compartiments d'un vaste casier géo-
métrique, tantôt il les aligne sur des registres... ou bien les dispose en
frises concentriques autour du motif principal »2.
      3. Si le thème d'Orphée charmant les animaux semble avoir été fami-
lier surtout aux peintres en mosaïque, il n'a pas été négligé dans les autres
sortes de monuments. « C'est de beaucoup la plus populaire de toutes les
scènes où figure le héros. Elle est reproduite par des centaines de monu-
ments qui datent presque tous de l'époque hellénistique on gréco-romaine :
des fresques, des bas-reliefs et des sarcophages, des patères à libations, des
miroirs, des plaques de bronze, des lampes, des pierres gravées, des mon-
naies de Thrace et d'Alexandrie... 3 ». Bien que le sujet fût tiré de la légende
païenne, l'art chrétien primitif se l'est approprié. « Les chrétiens... n'ont
pas craint d'avoir recours à la fable d'Orphée pour faire de ce poète subli-
me la figure symbolique de notre Seigneur Jésus-Christ attirant à lui
les cœurs les plus endurcis et les plus rebelles par l'harmonie de ses divines
paroles » 4.
    1. Ibid., p. i 2 i .
     2. Gauckler, article Musivum, dans Dict. des Antiq. gr. et romaines, IV, p. 2.112.
     3. Monceaux, article Orpheus, Ibid., IV, p. 244. Voir aussi Roscher, Lexikon der griech. und rœm. Mytho-
logie, III, 1, col. 1.172,1.177,1-189 etsuiv., 1.201.
     4. Artaud, 1835, p. 120. Comp. Monceaux, Ibid., p. 245 et suiv. ; Roscher, Ibid., col. 1.202 et suiv.