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     Cette « Fédération des Travailleurs » n'a pris réellement une importance dont on
put tenir compte qu'en 1864. C'est à cette date que fut fondé à Londres le conseil
général de l'Association internationale des Travailleurs, dont faisaient partie Odger,
président, Crenier, secrétaire général et Wehler, trésorier. Ce conseil publia un
programme s'inspirant des principes socialistes.

                                                I

      Au lendemain même de la publication du manifeste de Londres, les délégués à
l'Exposition qui avait eu lieu, en 1862, à Londres, les citoyens Monet, Bergeron,
Chapuis et quelques autres militants avaient gardé de leur passage dans la capitale
anglaise de cordiales relations avec divers socialistes anglais. Ils surent se les rappeler
et ils convoquèrent des coopérateurs lyonnais pour établir, par le moyen de la coopé-
ration, une active et utile correspondance avec les auteurs du manifeste.
      En même temps, un certain nombre d'hommes « beaucoup plus politiques que
socialistes » l se mirent aussi en rapports avec les militants de Londres.
      Il fallut nommer un correspondant et choisir des chefs de groupe. Des rivalités,
naturellement, se firent jour. Toute entente parut difficile entre les promoteurs de
l'Internationale. La fraction des anciens délégués 2 à l'Exposition de Londres fut
accusée « d'avoir des accointances avec le Palais royal, la Chambre de commerce et
même avec l'autorité supérieure ». Celle-ci, consultée, émit son avis. Elle dit que la
« coterie rivale » n'était formée que de citoyens appartenant « aux vieilles défroques
révolutionnaires des sociétés secrètes » qui faisaient peur aux timorés, aux esprits
positifs et calmes. Bref, ainsi que le dit une note de l'administration judiciaire, « cha-
cun croyant avoir raison, il ne fut pas possible de s'entendre ».
      Mais le parti révolutionnaire ne se tint pourtant pas dans une situation d'attente.
Il résolut de chercher un correspondant direct avec Londres et il le trouva en la
personne de Schettel.
      Schettel était un ouvrier mécanicien. Il habitait Lyon depuis longtemps et il
logeait, à ce moment, « au centre du quartier de la Guillotière », rue de l'Hospice-des-
Vieillards.
      Ses capacités ne semblaient pas très grandes, mais il avait la pratique des agita-
tions politiques. Il avait été mêlé, de près ou de loin, mais toujours mêlé à chacune
d'elles. Autrefois, réfugié à Genève, il avait la réputation d'un homme énergique.
      A la suite de cette désignation, « on écrivit à Londres », pour annoncer au comité
que les formalités qu'il avait indiquées avaient été remplies et qu'il ne devait avoir

     1. Rapports de police (1866), Arch. municip. de Lyon, série I 2 .
     2. On remarquait parmi eux : Maire, tisseur ; Comte, navetier ; Durand, navetier ; Chapitet qui à cette
époque était cordonnier et qui est devenu teneur de livres ; Chanoz, tisseur ; Sécrétant, tisseur ; Blanc,
tisseur ; Mingat, cordonnier ; Sœur, tisseur ; Schettel, mécanicien, et plusieurs autres « démagogues » ayant
figuré parmi ces hommes d'action de 1848, qui cherchèrent les moyens de se mettre en rapport avec le comité
de Londres (Arch. nain, de Lyon, série V, Clubs et sociétés politiques).