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— 113 — début, à la suite de l'exclusion de Schettel, fut prononcée, et qu'il fallut rendre les comptes, tout changea d'aspect et on put se persuader que Lyon ne comptait pas plus de 150 à 200 citoyens ayant adhéré à l'association*. C'est sur la propagande faite dans les réunions publiques que, au début, Schettel comptait le plus, les éléments d'action ayant été réunis par la propagande particulière et clandestine. La réunion du 30 décembre 1866 fut interdite. Elle devait avoir lieu chez le restaurateur Fredouillère, rue Duguesclin, 169 2. Ce restaurant recevait chez lui des dîneurs et il était surtout réputé pour les salles de bals qui étaient installées. Des bals de société et autres s'y donnaient. Pendant les dernières années de l'Empire de nom- breuses réunions y eurent lieu, politiques, sociales et de toute nature. D'autres réunions de l'Internationale projetées furent également interdites, sous le prétexte que les organisateurs ne demandaient pas les autorisations de les tenir. On cherchait à organiser un groupe nouveau, pour faire de l'opposition au premier dont, malgré son habileté, la direction lui échappait, maintenue dans leurs mains par les vétérans républicains qui, fidèles à la tactique que nous montrions plus haut, voulaient surtout faire servir l'action de l'Internationale à l'établissement du régime républicain, avant de faire d'elle le moyen de rénover la vie sociale. De plus, un troisième groupe semblait agir dans l'isolement, dans une réserve voulue et un peu hautaine. Il était fait de membres d'anciennes sociétés secrètes dissoutes, et disséminés dans des sociétés coopératives et ouvrières. Il y avait, parmi les adhérents de ce troisième groupe, des carbonari, des anciens compagnons du devoir et des épaves politiques, des citoyens élevés à l'école du mutuellisme. Un instant, Albert Richard songea à se rapprocher de ce groupe, mais il fut retenu par son père qui avait des inimitiés profondes dans les milieux qui se sépa- raient des pontifes de l'Internationale tels que Chapitet et Chanoz. Aussi bien, avec toutes ces divergences de vues, ces questions de personnes, ces conflits intérieurs, la section ou les sections de l'Internationale à Lyon, végétaient. Elle n'avait pas à défendre son action dans les grèves, car le préfet lui-même affirmait que l'argent répandu pour alimenter les caisses des grévistes de 1869 n'avait pas été fourni par la section lyonnaise de l'Internationale des Travailleurs. La déclaration du préfet est formelle sur ce point. La voici : « On avait pensé d'abord que cette association avait disposé de sommes relative- ment importantes en faveur des ouvriers en grève, mais des renseignements puisés à bonne source qui m'ont été confirmés tout récemment, me permettent de croire qu'il 1. Rapport du Préfet du Rhône au Ministre de l'Intérieur (22 mars 1866). 3. D'après les plans de la ville, la rue Duguesclin commence au boulevard du Parc — aujourd'hui boulevard du Nord — aboutit à la grande-rue de la Guillotière en empruntant la rue Rachais. En 1862, la rue Duguesclin, destinée à devenir une des grandes artères du 3 e arrondissement, finissait au cours de Brosses (aujourd'hui cours Gambetta). A cette époque, l'administration n'avait pu obtenir des propriétaires des immeubles traversés par le prolongement, des conditions convenables pour la réalisation de l'améliora- tion projetée. Rev. Lyon. 8