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  Chambord vient de gagner et qui lui vaudra six millions, « sans quoi il était réduit à cent
  et quelques mille francs de rente » ; du poète nîmois Jean Reboul 30 , à qui le prince sert
  une pension de mille francs — « c'est vraiment royal, venant de l'exil » — d'ailleurs
  Reboul n'est nullement dans la gêne ; d'entrevues de Napoléon III — « devinez avec
  qui S1.. Vous auriez trop de temps à chercher... AvecProudhon ! ».
       Au moment des élections générales, Peladan ne croit pas « qu'on se divise sur la
  question de l'abstention ; on s'abstiendra généralement ». En effet, au milieu de juin,
  « il n'est question de rien ici, pour les élections ; c'est comme s'il n'y en avait pas...
  Jules Favre est porté par les démocrates » 2 I .
       Le 18 août, le père Lacordaire prononce, à la distribution des prix de l'Ecole Saint-
  Thomas-d'Aquin, à Oullins, son Discours sur l'honneur :
       « Lacordaire (écrit Péladan) a dit à Oullins des choses bien hardies ; je n'y étais pas,
 mais on me les a redites, et c'est du courage, en vérité. Il a glorifié l'honneur et a flétri la
 prodigalité des serments en adjurant ses élèves de garder la foi jurée, si jamais ils la don-
 naient à un souverain et que ce souverain vint à être jeté dans l'exil. Outre son courage
 que je ne conteste pas, non plus que sa piété et ses lumières, ne voudriez-vous pas à
 Lacordaire un peu plus de cette science qui vous frappe dans Bossuet comme les rayons
 du soleil, et quelquefois vous terrasse comme un coup de foudre. Toute cette école de
 l'avenir a du génie, mais il lui a manqué ce que Bonald appelle le cousin germain du génie,
 le complet bon sens ».




      Le i e r juillet de cette même année 1857, sur un rapport présenté par son collabora-
 teur Gaspard Bellin, Adrien Peladan fut admis à faire partie de la Société littéraire de
 Lyon. L'un des deux membres de cette société qu'il avait pu croire hostiles à sa candida-
ture était évidemment Aimé Vingtrinier, directeur et imprimeur de la Revue du Lyon-
nais. Cette revue, exclusivement consacrée aux questions locales, ne se mêlait ni de poli-
tique ni de religion ; la concurrence littéraire que pouvait lui faire la France littéraire ne
devait guère l'inquiéter. En tout cas Péladan — un peu porté, à ce qu'il semble, à voir
partout des « coteries » — fut élu à l'unanimité 33 :
      « Présenté (raconte-t-il) il y a quinze jours, comme candidat à la Société littéraire,
une coterie de deux membres chercha à faire de l'opposition — il s'agissait de la Revue
du Lyonnais, que notre succès désole. Cette opposition est tombée sous le poids du ridi-
cule et mon élection a eu lieu à l'unanimité. On avait finalement désiré que mon honora-


      ao. Le poète-boulanger nîmois (1796-1864) auteur de l'Ange et l'Enfant. Il fut représentant du Gard
à l'Assemblée Nationale en 1848. Peladan dit ailleurs que Reboul avait refusé cette pension mais qu'on
l'avait forcé à l'accepter.
      21. Jules Favre se présenta dans la 4e circonscription du Rhône. Le duc de Mortemart fut élu contre
lui, le 21 juin, par 17242 voix contre 4360.
      22. Archives de la Société littéraire de Lyon. Procès-verbaux et rapports.