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— 109 — de la Martinière. Sa pensée, éveillée de bonne heure, était en proie à de nombreuses transformations ; tour à tour calme et violente, éprise à la fois de mysticisme et de réalisme, elle trouvait plus d'un attrait dans les systèmes socialistes qui se répandent de 1860 à 1865, Son père, contremaître chez le teinturier Gillet, avait peu de res- sources et cependant il laissa son fils se mêler, bien que le jeune homme ne semblât pas avoir de métier très déterminé, aux organisations ouvrières et écrire des articles ou des brochures. Dès 1865, Albert Richard ne tarde pas à être, tant son activité se déploie, connu des milieux démocratiques, mais il ne s'attarde guère dans les grou- pements uniquement préoccupés d'action politique. Il s'intéresse avant tout aux idées de transformations sociales: « Comme son père, qui fut délégué aux congrès de Bruxelles et de Genève, Albert Richard est partisan de la « réforme économique » par la prépondérance du travail sur le capital, par l'accord « de ces deux éléments de production et leur réunion dans les mêmes mains ». Il avait la réputation d'une moralité excellente : « Il est honnête, laborieux, économe », ainsi que son père. Ce jeune homme dont l'action dans la réorganisation de l'Internationale a été si prépondérante, avait des ennemis déclarés dans le sein même du comité nouveau. Schettel, surtout, le combattait à outrance. Sans valeur intellectuelle, sans connais- sances précises, Schettel, déjà si suspect aux dirigeants de Londres, voyait dans Albert Richard un adversaire important à raison de la facilité qu'il avait d'écrire et de parler. Nous suivrons, au cours de cette étude, le rôle d'Albert Richard comme celui de ses collaborateurs. Mais continuons à les situer eux-mêmes, à tracer les physionomies des principaux militants. Blanc père (nous n'avons pas trouvé la trace de ses enfants, bien qu'ils eussent dû exister, puisque le démocrate est appelé, le père) est ouvrier tisseur. C'est un des plus vieux militants républicains de Lyon. Il a été mêlé à toutes les luttes proléta- riennes de 1832 à 1848. Il est partisan résolu et actif de la coopération. Il a fait naître et vivre un certain nombre de sociétés coopératives. Mais, dans la question sociale, dans l'Internationale même qu'il préconise avec ardeur, Blanc père ne voit, ne veut voir qu'un moyen de lutter contre l'Empire et pour la République. Il n'intéresse guère les promoteurs de l'Internationale et, avec Schettel, il avait été exclu, par le jugement dont nous avons parlé plus haut x . Blanc père a été en relations fort intimes avec la famille Richard. Il s'efforçait, semble-t-il, de donner à Albert le goût des attitudes audacieuses mais il ne le dirigeait pas. D'ailleurs Albert était d'humeur indépendante et n'admettait guère qu'on le menât. Ce ne fut que la bonne amitié d'un vétéran pour un jeune militant qui rendit sympathique Blanc père à Albert Richard. Dans sa petite arrière-boutique d'une épicerie située au milieu de la rue Moncey, à la Guillotière, Conchon accueillait, avec la gravité prudente d'un vieux conspira- teur, les plus fameux propagandistes de l'Internationale, que la police, qui les surveillait, i. Arch. municip., V. Si aucun de sesfilsne semble pas avoir joué un rôle important à Lyon, une note de police indique que « Paul Blanc, son fils »figure« parmi les écrivains socialistes de la capitale ».