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CHOSES ET GENS DU PAYS D'ARLES
      L'élégante thèse de M. L. A. Constans vient de ramener à juste titre
l'attention des historiens sur Arles antique *. Le passé de la vieille cité
provençale est riche et glorieux. Au temps de l'indépendance gauloise, ses
« utriculaires » — ces péagers dont l'origine se perd dans la nuit des temps
et dont le nom se transmit, plus tard, aux corporations de la batellerie
impériale — jouèrent un rôle décisif dans le développement de la seconde
guerre punique, en aidant Hannibal à franchir le Rhône3. En 45 avant J.-C,
les vétérans de César fondent sur son sol, soustrait à la domination mar-
seillaise, une colonie de citoyens — colonia Iulia Paterna Sextanorum
Arelate — qui se pare presque aussitôt des plus illustres monuments,
témoins toujours visibles de sa civilisation et de sa prospérité. Au ive siècle,
elle sert de résidence aux Césars. Au ve, elle devient le siège d'une des
préfectures du prétoire et reçoit du pontife romain la primauté sur toutes
les églises gauloises. Ample et variée, l'histoire ancienne d'Arles séduit par
elle-même, et le livre que M. L. A. Constans lui a consacré abonde en
vues ingénieuses, en intéressantes précisions archéologiques et, bien
qu'il n'apporte pas de documents inédits, en véritables trouvailles
épigraphiques. Peut-être, toutefois, M. L. A. Constans n'a-t-il pas tiré de
ses « découvertes » tout le parti qu'elles n'eussent pas manqué d'offrir à
son habileté de restitution, s'il avait davantage interrogé les textes litté-
raires qui complètent l'enseignement des inscriptions autant, au moins,
que celles-ci les ont éclairés et rajeunis. Les quelques notes qui suivent,
préparées en vue d'une soutenance en Sorbonne, que couronna, en dé-
cembre 1921, la mention très honorable, n'ont d'autre but que de déduire

     1. L. A. Constans, Arles antique, Paris, 1921 (vol. CXVIII de la Bibliothèque des Ecoles françaises
d'Athènes et de Rome, de Boccard, éditeur). Je citerai désormais ce livre par l'initiale du nom de l'auteur,
suivie de la pagination.
     2. M. L. A. Constans n'a pas retenu cet épisode considérable de l'histoire des Celto-ligures i'Arelate.
Pourtant, il est avéré, d'une part, que les soldats d'Hannibal ont franchi le Rhône sur des outres (Liv.,XXI,
27), et, d'autre part, que ce franchissement, placé par C. Jullian vers Tarascon et par le général Colin à
Fourques, a eu lieu, de toute façon in agro Arelatensi, puisque, au nord de Fourques, et en face de Tarascon,
Beaucaire était à la limite du territoire d'Arles antique (Geogr, Rav,, 238).