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      Disons même qu'il en forme plus que de raison. Le chasseur et la bête
 qu'il poursuit en font deux et n'en devraient faire qu'un. Je n'ose affirmer
catégoriquement que tel est aussi le cas des deux athlètes du sommet, qui
ont l'air de s'affronter par delà leurs cadres et les méandres : on peut les
concevoir comme une paire de lutteurs et c'est sans doute la conception la
plus naturelle ; mais on peut à la rigueur soutenir qu'ils se livrent chacun
pour soi à l'exercice d'entraînement qui consistait en la manœuvre des
poings dans le vide *. Il n'en restera pas moins que l'artiste a isolé, une fois
sinon deux, des figures faites pour être réunies. C'est la seconde bizarrerie
de notre mosaïque, beaucoup moins rare que la première. Nous avons déjà
constaté dans les mosaïques d'Orphée charmant les animaux l'usage fré-
quent de ce procédé arbitraire, absurde, mais jugé favorable à l'effet déco-
ratif. La célèbre mosaïque des promenades de Reims 3 nous en fournit un
autre exemple tout à fait caractéristique : les trente-cinq panneaux dont elle
se compose renferment, soit un bestiaire séparé par un double cadre du
fauve qu'il combat, soit un gladiateur que le même obstacle éloigne de son
adversaire ; soit un chasseur, deux chiens et les deux bêtes qu'ils poursui-
vent, répartis en cinq cases contiguës, mais distinctes. Les mosaïstes ro-
mains n'ont pu en venir à ce dédain de la vraisemblance qu'assez tard, après
avoir pris l'habitude mauvaise de développer outre mesure le cadre orne-
mental, qui exigeait beaucoup moins de savoir-faire, au détriment du
tableau pittoresque, lequel fut tantôt seulement rétréci, comme dans notre
mosaïque Cassaire, tantôt seulement morcelé, comme dans notre mosaïque
Montant, parfois rétréci tout ensemble et morcelé, comme dans notre
mosaïque Seguin, où la surface totale des six tableaux àfiguresest infime par
rapport à celle que garnissent les méandres et les bordures. S'étant laissé aller
à fragmenter la scène pittoresque, à disperser les figures, à les isoler, à traiter
chaque groupe ou chaque figure comme un tout indépendant, le peintre en
mosaïque finit par ne plus se faire scrupule de séparer même ce qui était
logiquement inséparable 3. Bref, la mosaïque Seguin appartient sans doute,
comme la mosaïque Montant, au déclin du IIIe siècle.
     i. Dict. des antiq.gr, et rom., art.pugilatus, IV, p. 755.
     3. Inventaire des mosaïques de la Gaule, n° 1072. Figure dans A. de Caumont, Abécédaire d'archéologie,
Ère gallo-romaine, 2? éd., p. 67.
     3. Voir Gauckler, art. Masivum, dans Dict. des antiq. gr, et rom., III, p. 3113.