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  s'appuient les tenants de nos libertés provinciales. L'activité littéraire, éco-
  nomique, les associations professionnelles, les syndicats ruraux ont fait de
  grands progrès dans nos régions françaises, et nul ne songe à nier les bien-
 faits d'une sage décentralisation que quantité d'enquêtes et de périodiques
 défendent. Mais la plupart de ces idées, aujourd'hui familières, étaient
 encore dans leur fleur en 1848, époque à laquelle Gobineau fonda sa Revue
 provinciale l avec Louis de Kergorlay et son parent par alliance Adolphe
 d'Avril.
       D'autre part, en mourant, Gobineau laisse un manuscrit édité avec
 soin par M. Schemann, laT roisième République française et ce qu'elle vaut 3.
 Dans cet opuscule d'une ironie âpre se trouve condensée la longue et rude
 expérience de l'auteur de la Renaissance. Là, Gobineau discerne les maux
 qui entravent la marche de notre pays et propose comme remède au virus
 de l'internationalisme, le fédéralisme et l'alliance des provinces de France
 en lequel réside le meilleur des forces vives de la nation.
      Cette œuvre posthume, dédiée aux provinces de France en général et
 au Beauvaisis en particulier, où le comte possédait un château, sorte de tes-
 tament politique, mérite par l'importance des questions agitées une étude
 complète. Je ne veux aujourd'hui m'occuper que de la Revue provinciale et
 dépouiller, la plume à la main, la collection de cet intéressant périodique, où
 nos sociologues trouveraient largement à puiser.
                                                      m
    Reportons-nous au mois de juillet de l'année 1848. Gobineau a trente-
deux ans et, contrairement à l'opinion vulgaire qui n'a vu en lui qu'un di-
plomate, a déjà composé, publié en librairie ou dans les journaux, trois
Å“uvres en vers, trois romans, diverses nouvelles et des articles de critique.
Une activité dévorante le possède. Perdu au fond de la Bretagne, dans le
      1. Voici le titre exact: Revue provinciale publiée sous la direction de MM. Louis de Kergorlay et Arthur
de Gobineau, 2 vol. in-8 ; Paris, au bureau de la Revue provinciale, 5, rue du Helder, 1849. — Les exemplai-
 res de cette revue sont fort rares. Le musée Gobineau à Strasbourg ne possède pas la collection complète.
J'ai eu la chance, en 1911, de trouver chez un libraire les deux volumes bien complets de cette précieuse
publication. Lucien Descaves, le 25 octobre dernier, dans le Journal, se plaignait d'avoir laissé échapper un
jour l'édition originale de Ternove ; par contre, il se félicite avec raison de posséder, reliée en deux tomes, la
Revue provinciale. On trouvera ce périodique à la Bibliothèque nationale, à la cote Le [1953.
      2. Cte de Gobineau, la Troisième République française et ce qu'elle vaut ; Strasbourg, Trubner, 1907,
1 vol. in-8. Introduction en allemand de S. Lchemann.