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392 LE COURS DES LIVRES son genre. Elle prendra le chemin de l'étranger, ainsi que tant d'autres ! » Cette prédiction se réalisera-t-elle ? Je souhaite que non. Mais je n'en serais pas autrement surpris. Les amateurs français sont terriblement routiniers ; ils ne s'écartent pas de quelques chemins battus, qu'ils encombrent de plus en plus; on dirait qu'ils ont peur de s'aventurer au delà ou à côté. Ils sont tous pour parler l'argot des ventes — ils sont tous sur quelques catégories de livres, constammeni les mêmes. Parlez-leur de reliures aux insignes de Gro'.ier, ou dé Thou ou de Longepierre ou de Mrac de Chamillard. Là ils se sentent sur un terrain connu ; ils osent marcher et Dieu sait s'ils marchent ! On ne saurait se plaindre qu'ils soient durs à la détente : jamais les enchères ne furent plus verti- gineuses. Surtout s'il s'agit d'exemplaires qui aient déjà , dans des ventes antérieures, atteint de gros prix, ils ne s'arrêtent plus. On serait tenté de croire qu'incapables de se déter- miner par eux-mêmes, ils tiennent à s'en rapporter au choix de leurs devanciers. Ils ne veulent que des livres qui aient été en quelque façon consacrés à l'avance. Ceux-là ils se les disputent, et tel est leur acharnement alors, que le vers fameux semble les, avoir visés : Quand là borne est franchie, il n'est plus délimites. Toutes les grandes ventes de la campagne qui .finit ont fourni des exemples à l'appui de cette observation. Je prends seulement celle de M. le comte de Sauvage. Qu'on me permette quelques rapprochements de prix. Plusieurs numéros y ont dépassé quinze mille francs;. Ainsi le n ° . u , Homélies du Bréviaire, deux volumes recou-