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34^             UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE.

abbé présidait. Un vieillard, André Rutgol, fit appel à ses
souvenirs, il déclara, après avoir posé la main sur l'autel,
ce qu'il avait vu dans son enfance. Les Chauve, à l'intérieur
du bourg, possédaient une simple maison, sans appareil de
fortification ; au dehors de l'enceinte, en plaine, une
seconde maison leur servait à engranger les foins et les
blés et ils jouissaient d'un potager auprès- du château neuf.
Ils répondaient des méfaits et des crimes, perpétrés par
leurs hommes d'armes ; mais la moitié de l'amende
pécuniaire, infligée au vaincu, dans les duels judiciaires,
leur était rétrocédée. La justice séculière ne leur apparte-
nait pas, à aucun de ses degrés; néanmoins ils avaient à
y soumettre les récalcitrants et ils veillaient à l'exécution
des arrêts. D'autres usages étaient pour le moins aussi
singuliers; ils indiquaient tous qu'originellement l'autorité
avait été morcelée en pièces mal rapportées; chacun avait
tiré à soi, tant qu'il avait pu ; un casse-tête chinois n'est pas
plus embrouillé. Si, par exemple, les murailles du rempart
 menaçaient ruine, le seigneur avertissait le prieur de les
rebâtir ; mais en cas de refus de sa part, la réparation de la
 brèche était quand même ordonnée ; on y procédait aux
 dépens du couvent et avec des ouvriers payés à ses frais.
 Le prieur avait encore la liberté de changer de place la
 porte d'entrée et le pont-levis; auparavant, toutefois, il
 devait consulter le seigneur et avoir son agrément. L'en-
 tretien du chadefal, c'est-à-dire de la guérite du guetteur,
 incombait au second, mais la sentinelle elle-même restait
 à la charge du premier ; il la nommait et la nourrissait.
 Les redevances féodales enfin, là où elles existaient, avaient
 été déterminées à une émine de vin et à une émine d'orge
 pour chaque ferme, à une demi-émine d'orge pour les
 chenevières. £n dehors de ces quantités tout autre cens,