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338              UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE

Burchard Ier, le frère même du roi ; il gouverna l'espace de
quinze ans environ, de 948 à 963, avec une autorité absolue
de souverain temporel, au moins autant que de pasteur; il
introduisit dans son palais les mœurs d'une cour et toutes
les lois de la féodalité; il se choisit des favoris; il eut à
acheter ou à récompenser leur dévouement; ainsi entra, dans
la voie élargie des honneurs et de la fortune, la puissante
famille, dont nous nous occupons, et elle touchera juste-
ment à son apogée, lorsqu'elle sera l'hôtesse magnifique
d'un autre possesseur de la crosse primatiale des Gaules.
   Cependant Sigibert eut à restituer une partie de ces alié-
nations, qu'il avait regardées, trop vite, comme lui étant
définivement réservées, et soit de bonne grâce, soit par con-
trainte, il s'exécuta. L'abbé Hugues (1), désigné par son
saint prédécesseur à la confiance de ses frères, et dont la
jeunesse n'enlevait rien à la maturité de l'esprit et à l'éner-
gie de la volonté, porta ses plaintes à Burchard II et reven-
diqua dix mas entiers, plus des pâturages, des bois, des
vignes, en vingt endroits divers, à Teylan, à Bagny,
à Montbloy, sur les deux rives de la Brévenne, et de Mon-
trottier à Hervieu. L'archevêque déclara, sans hésiter,
l'urgence de ce retour • au propriétaire primitif; il exigea
 qu'on ne le frustrât plus désormais de ce qui était consacré
au service divin. Comme compensation toutefois et pour
 épingles du contrat, les moines remboursèrent trois cents
 sols d'or (2).

   (1) Cet abbé succéda à Gausmar; il gouverna depuis 984 jus-
qu'en 1007.
  (2) Cart. de Sav., n° 428 : Nolilia sive Vuirpitio inter Burcbardum
pontificem et Sancti Martini Saviniacensis cœnobii congregationem.
M. A. Bernard date cette pièce : « 1000 circa». Les terreurs de l'an mil
seraient-elles entrées pour quelque chose dans les remords de Sigibert ?