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 272              UNE VISITE ARCHIEPISCOPALE

du célèbre concile, emportant cet honorable gage d'union
avec la chaire de saint Pierre, l'esprit tout préoccupé des
grandes choses qui venaient de se décider, les oreilles tin-
tant encore des cris, poussés par les milliers de poitrines :
Dieu le veut ! Dieu le veut ! qu'entouré d'une suite impo-
sante de seigneurs, d'écuyers, de dignitaires du clergé,
Hugues s'arrêta et se reposa dans la maison du premier de
ses chanoines.
    Pendant le trajet, le comte de Forez, qui chevauchait à
 ses côtés, l'avait retenu à Montbrison et prié de bénir les
 malades et les malheureux, hospitalisés dans l'enceinte du
 château. Cette future capitale de la province, encore toute
 entière ramassée sur la plate-forrr.e de sa butte calcinée,
 était à peine à l'aurore de sa destinée ; mais, ce qui lui a cer-
 tainement porté bonheur, la charité, non moins que la
 vaillance, ennoblissait déjà ses origines. Le premier docu-
 ment qu'elle présente à l'histoire est, en effet, l'acte de fon-
dation de son hôpital : la prière du pauvre souffrant lui
est devenue une protection aussi sûre que l'épée du soldat.
    Le pieux et bienfaisant Guillaume avait établi cet hospice
pour quinze pauvres ; il l'avait meublé, l'avait garni de la
literie nécessaire et il avait assigné, pour les dépenses, la
dîme des grains et du vin dans toute l'étendue de ses
possessions (1). D'une foi égale à son courage, il avait des
premiers réclamé la croix ; il brûlait du désir de pourfendre
les mécréants de Terre-Sainte et de baiser la poussière du
Calvaire reconquis. Avant de quitter ces lieux, qu'il a peut-
être le pressentiment de ne plus revoir, trop heureux s'il
paie de son sang la grâce de saluer et d'affranchir Jérusalem,


  (1) Cartulaire des Francs-fiefs du Forez, publié pur M. de Charpin-
FcHgerolhs. N° 1 : Fondatio hospijalis pauperum in villa Montbrisonis,