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2Ô2             UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE

élection, déclara qu'il était impossible d'interpréter plus osten-
siblement la volonté du ciel. Il se dirigeait, en effet, en
pèlerin, vers la ville éternelle et vers le tombeau des saints
apôtres, lorsque, traversant Die, il se rend par hasard à
l'église et tombe au milieu d'une assemblée de fidèles; le
peuple et le clergé discutaient qui serait appelé à remplacer
l'évêque Lancelin, déclaré indigne pour crime de simonie
et destitué, quelque jours auparavant, par un légat du pape.
Une voix d'enfant signale la présence de l'étranger; un
rayon lumineux s'arrête sur lui, entoure sa tête d'un éclat
éblouissant; tout le monde est saisi; on crie au miracle
et immédiatement on le réclamé pour premier pasteur.
   Ces suffrages, pour instantanés et extraordinaires qu'ils
fussent, n'avaient rien que de très légitime; le cardinal
Girard d'Ostie, délégué du Saint-Siège, s'empressa de les
ratifier; le comte de Die, Guillaume, montra beaucoup de
bonne grâce à les approuver. Mais le candidat ne se rendit
pas sur-le-champ; il ressentait des scrupules; la mitre lui
paraissait plus lourde que le froc et il voulut tenir du Sou-
verain Pontife lui-même l'ordre d'obéir aux vœux populaires,
manifestation insuffisante de la voix d'en haut. Puisqu'il
était en route pour Rome, il continua son voyage inter-
rompu et vint exposer à Grégoire VII le récit de. l'étrange
événement, avec la prière de décider irrévocablement de
son sort. Le pape agréa cette démarche ; elle le toucha ; il
y répondit par la plus cordiale bienveillance et, de ses
propres mains, il imposa la consécration au prieur bour-
guignon, le second dimanche de carême-de l'année 1074.
   Sa confiance alla beaucoup plus loin; le caractère du
gentilhomme français, son dévouement au Saint-Siège, sa
profession monastique, les idées et les projets qu'il exposa,
 dans la conversation, pour la correction des abus, pour la