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LE BOTTIER DE SAINT-GEORGES ,189
Je veux te reluquer encore,, mon cher ouvrage^ r:ï îf ,,• ::
O soulier si-chenu, qu'avec tant de cirage, ... ; .
D'œufs frais, d'eau et de lait, et de pots de vernis., ,__,..
T'ai rendu plus clinquant .que la. lune en la nuït.<, ; . '•
De ta fraîche semelle va sortir tout à l'heure1 ... .. .,• ','-.*
Le crin-crin qui babille, la poix noire qui pleure, AJ \ j
Dans Saint-Georges tu vas répandre., nlon ami, t \ ,•;,;;
Ton parfum si subtil de bon cuir de'Russie. ,, ;, .,;
Je veux te coqueter et.te sentir encore, . : " .j .'i
T u ne reviendras plus dans l'échoppe sonore ! ; _ - ;
.
Laisse voir seulement mes deux quinquets. mirés • . ; ••
Pour la dernière fois dans ton vernis lustré, , .
Il faut nous quitter là , pour ta gloire et la mienne : ,
Mais dans ton arxistance, .ou noble ou bohémienne, ' -;
Que tu chausses les pieds tout crasseux des faubourgs*
Ou'que d'un des gommeux de la place Bellecour
Tu serres la chaussette, ne fais jamais la pose.
En te disant adieu, vrai, je me sens tout chose :
Avant de te boucler je.viens te supplier,
Frais et pimpant grollon, de ne pas oublier
Celui qui t'a donné ton beau reflet de flamme
Et le pauvre Guignol qui en a perdu l'âme.
(77 ferme les escarpins dans le sac).
Allons bon ! vlà -t-y pas que depuis un moment?
Je me lanticanais avec mon sentiment !
Je perds la tramontane, où donc est ma jugeotte ?
Si je m'ai esquinté en faisant cette botte;,. V
C'est pour gagner l'amour de ce joli fenon,
Ma petite Amanda, fille au pipa Gnafron.
Cette tendre colombe a montré de la peine, • :
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Quand j'arrivai ici, n'ayant que mon alêne.
N° 3 . — Mais 1S98
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