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                    SA VIF. ET SES Å’UVRES                  77

ne revint plus dans notre ville. Le 24 février suivant, il ne
pouvait ainsi assister aux funérailles de M. Morel de Voleine,
son ami intime et son premier collaborateur, qu'il devait
suivre de si près dans la mort. Car il succombait, à son
tour, le 9 mars 1894. « Il mourait, m'écrivait encore son
« fils, comme il avait vécu, en parfait chrétien, après avoir
« reçu en pleine connaissance et avec foi les derniers
« sacrements. »
   Cette mort, qu'on ne pouvait prévoir si prochaine, attrista
profondément" non seulement ses nombreux amis, mais
encore toute la population du Chambon. Le comte de
Charpin avait hérité, en effet, des traditions de bienfaisance
de sa famille, et dans ce centre ouvrier, il n'était aucune
misère qu'il n'eût soulagée. Aussi, la veille de ses obsèques,
le dimanche n mars, vit-on plus de 4.000 personnes se
rendre au château de Feugerolles, pour honorer sa dépouille
mortelle déposée dans la chapelle du château, en attendant
le jour des funérailles (1).
   Ces funérailles eurent lieu, le lundi 12 mars. Quand le
nombreux cortège des parents et des amis se déroula sur le
parcours de la route, qui gravit l'éminence que couronne le
château de Feugerolles, le spectacle, éclairé par un beau
soleil de printemps, était déjà imposant. 11 le fut bien
davantage, quand cette longue suite d'assistants, dont un
grand nombre étaient venus de fort loin, pénétra dans la ville
du Chambon. A compter de ce moment, ces obsèques eurent
le caractère d'un vrai deuil public. Toute la population
ouvrière était accourue, pour rendre un dernier hommage
à l'homme de bien, que la mort venait d'enlever; tous les
visages de ces rudes travailleurs exprimaient, à la fois, un


  (1) Mémorial de la Loire, du 11 mars 1894.