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440                            LES MALINS
                                 GNAFRON

   Ah ben I si te n'as que de z'idées comme ça! Faudra t'y
attendre deux ans avant de chiquer les légumes ?
                                 GUIGNOL

  J'ai notre affaire. Viens chez le revendeur de gages d'à
côté. Je te dirai m'n'idée en route, et nous verrons s'y a
pas plan de rencontrer ta fille, puisque nous sommes ici
pour ça. Mais pensons primo à la chicaison, car j'ai mes
bôyes que s'arrapent (Ils sortent).




                             SCÈNE V
  On entend crier dans la coulisse : « Beau cresson de fontaine ! deux sous
                          la lotteI deux sous! »

                   BOULOTTE en marchande de cresson.
   Criant. Au beau cresson de fontaine, la santé du        —
Parlant. Personne, c'est pas la peine de tant crier. Pas de
chance, personne pour m'étrenner. — Avec tristesse. Dans
quelle misère et quelle débine es-tu tombée I O ma pauvre
Boulotte, qui m'aurait dit, il y a huit jours, que je vendrais
du cresson dans les rues de Paris ! J'avais rêvé le ciel, et
c'est l'enfer et tous ses diables que j'ai trouvés. Ah, scélé-
rat de Courtecuisse, vous avez cru m'entortiller par vos
promesses! Heureusement que je me suis arrêtée à temps.
J'ai préféré la misère au déshonneur. Oh si, en faisant ce
pauvre métier, je pouvais gagner quelque argent, pour
retourner à Lyon, que je n'aurais jamais dû quitter, et
retrouver mon vieux père, qui me croit perdue sans doute.
Voudra-t-il croire que je suis encore digne de son affec-
tion ? (Elle pleure.)