page suivante »
434 LE PREMIER AMOUR D'UN VIEUX GROGNARD châtres qui pendaient aux extrémités desséchées des sapins et des mélèzes. Quand j'eus terminé ma provision de simples dont je remplis un petit sac, je commençai un bouquet pour Jeanne et j'y mis naturellement les plus belles fleurs du plateau. Une branche de daphnè des Alpes en occupait le centre et l'on voyait tout autour des rangées de gentianes et de poly- galas bleus, des lychnis roses et blancs, puis, dans un capri- cieux mélange, des aunées et des arnicas jaunes, des fraxi- nelles d'un rouge violacé, des lys martagon, des véroniques, des asters, des valérianes, de ces petites pervenches qu'on appelle violettes de sorcier et des œillets sauvages du rouge le plus éclatant qu'on ne trouve qu'à cette altitude, le tout entouré d'une double couronne de myosotis et d'alché- milles avec une bordure de grandes feuilles de fougères. Toutes ces fleurs des cimes ont des couleurs plus vives et plus pures que dans les régions inférieures, et je ne m'é- tonnai pas du cri d'admiration que poussa Jeanne quand je lui présentai plus tard ce bouquet. A. MAZON. (La fin au prochain numéro.)