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366                       LES MALINS

  Les mêmes raisons font que nous ne possédons pas la date exacte
de la première représentation. Elle eut lieu en 1867 ou 1868.
Les artistes qui créèrent les rôles, furent :
               JOSSERAND,   rôle de Guignol;
               HENRI,        —     Gnafron ;
               MINNE,        —     Courtecuisse;
           Mme JOSSEKAND,    —     Boulotte.

    De ces quatre, trois sont morts. Seule, Mme Josserand survit.
 Nous ne vîmes pas la pièce ainsi tenue. Mais nous l'avons
 vue, maintes fois et maintes, excellemment jouée aux théâtres de
 la rue Ecorche-BÅ“uf et de la Galerie de l'Argue, par Henri, qui
fut un Gnafron incomparable, par Vuillerme, qui, bien que déjà
 un peu cassé, était fort amusant dans le rôle de Guignol; par
 Minne, qui tenait celui de Courtecuisse. M me Vuillerme détail-
 lait avec beaucoup de goût le rôle de Boulotte. Nous vîmes aussi
 les Malins, avec Delille dans le rôle de Guignol, à un théâtre
 qu'il exploita quelque temps place de la Mairie, à la Guillotière,
  et qui périt dans un incendie. La pièce se joue aujourd'hui au
 théâtre de la Galerie de l'Argue que, pour nos péchés, nous
 n'avons pu visiter, hélas ! depuis plusieurs années.
    Mentionnons en passant une drôle de singularité de la censure.
 Le manuscrit que nous avons sous les yeux porte cette annotation
 au crayon bleu : « Autorisé, à la condition de changer le nom
 de Courtecuisse. » Courtecuisse était le nom d'un personnage,
 qui, par suite de Tordre, fut religieusement changé en celui de
 Courtebotte. Cette pruderie à l'anglaise, en regard des obscénités
 qu'on laisse débiter dans les cafés chantants, n'est-elle pas ado-
 rable ? — Moins pudibond que la censure, nous avons rétabli
 le nom primitif, qui est d'ailleurs un nom historique, tout
uniment.
                                                N. du P.