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320                      VERS D'UN INCONNU

et réfrénée, leur sincérité, leur élévation morale font qu'ils laissent bien
après eux, à mon humble avis, maints morceaux plus adroitement tra-
vaillés, combinés avec des mots plus « clinquants », des coupes plus
variées, et sur lesquels s'est quelquefois fondée toute une réputation.
— Le dernier trait surtout est admirable.
                                                       Clair TISSEUR.




      Notre amour s'est nourri de moissons bien amères;
      Le champ du pâle ennui fut prodigue pour toi,
      Et nous n'avons pas su, — la faute en esta moi, —
      Faire un peu de bonheur en mêlant nos misères.


      Peu de jours sans orage ont lui dans notre ciel;
      Mes baisers soucieux blessent tes yeux en larmes;
      D'aimer nous avons eu les douleurs sans les charmes ;
      — Et c'est pourquoi je sens mon amour éternel!


      Le malheur se souvient ; la joie, — hélas ! — oublie.
      Le trop facile espoir et les plaisirs légers
      Tressent de frêles fleurs les liens passagers :
      Noire chaîne n'est pas de celles qu'on délie.


      Mais tels que ce rameau jusqu'à la moelle ouvert,
      Dans sa plaie embrassant la saignante bouture,
      Nous ne sommes plus qu'un pour avoir tant souffert :
      Nos cœurs sont à jamais soudés par leur blessure !


                           •'VIVWWVWWW'