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300 FRAGMENTS
ANTOINE. — Dis-moi donc, compère Michel, — pour-
quoi, dans tout l'Empire, — font-ils faire un grand recol-
lement — de tout notre jargon ? Cela que veut-il dire ?
MlCHY
Mon pure Touà ine, n'en sai rin.
Hiar, en devisan avouai nuira- Coktta,
Ze no disian : Napolion, qua t'ai besouin
De fére simblaubla collecta ?
Car, par bûchi tui nutre-z-enemis,
A nia pau fauta de la lingua;
A ne fau que de bons fusis,
Etfarme et roide on les seringue.
« MICHEL. — Mon pauvre Antoine, je n'en sais rien. —
Hier, en devisant avec notre Colette, — je me disais : Na-
poléon, qu'a-t-il besoin — de faire semblable collecte ? —
car pour frapper tous nos ennemis, — il n'y a pas besoin
de la langue ; — il ne faut que de bons fusils, — et ferme
et raide, on les seringue. »
TOUAINE
Lo diasque (20), avouai sa façon si adraita
De cachi à sa gouche man
Ce qui voit fére avouai sa draita,
(20) Diasque pour diable est une transmutation où la phonétique n'a
rien à voir. Le mot n'en est pas moins usuel. Je me rappelle que mon
père, dans ses interjections, disait toujours diasque et non diable. C'est
un euphémisme de fantaisie, le peuple attachant une sorte de crainte
superstitieuse à appeler le mauvais génie de son nom propre. Ici, diasque
est employé au sens admiratif : un fin diable.