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              SUR LA FONTAINE DES JACOBINS               28l

   Pour réussir à ce point de vue (alors presque complète-
ment négligé par les sculpteurs), chacune d'elles eût dû
 non seulement s'arranger, vue de face, dans l'ouverture de
la niche, mais de plus continuer logiquement son piédestal;
toutes les quatre elles eussent dû former une masse pon-
dérée, présentant, malgré des ajours pittoresques et des
silhouettes heureusement variées, une saillie moyenne à peu
près égale sur chaque face de la fontaine.
   C'est ainsi qu'eussent agi tout naturellement des sculp-
teurs de la Renaissance, habitués dès leur apprentissage à
tenir compte des conditions architecturales, variables dans
chacun des édifices qu'ils décoraient; c'est ainsi que, sans
laisser perdre un de ses droits à la fantaisie la plus char-
mante, ils savaient enfermer leurs figures les plus auda-
cieuses dans les grandes lignes de la silhouette générale.
   Architecture et sculpture se faisaient ainsi valoir récipro-
quement; leurs qualités s'ajoutaient au lieu de se nuire, et
l'œil ravi ressentait le plaisir que procure à l'oreille un
accord bien frappé.
   Or, si nos figures répondent à la première condition que
nous avons indiquée (celle, évidemment, dont s'est préoc-
cupé le sculpteur), le Delorme, seul, répond à la seconde.
Lui seul, dirait un professeur d'esthétique, est bien l'épa-
nouissement normal du piédestal, qui ne s'arrête pas aux
têles de lion, mais qui, à travers les petites vasques, descend
sur l'assise des coquillages. C'est ce piédestal, que le sculp-
teur eût dû considérer ainsi dans toute son étendue, en y
superposant des figures. De là, cette allure franche du
Delorme, et l'aisance avec laquelle sa masse, quoique plus
forte que celle des autres statues, s'arrange avec les
finesses du cadre.
   Le Flandrin et YAudran, m contraire, abandonnent