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I38 CROQUIS NIÇOIS rent, d'agréables surprises. C'est ainsi qu'un jour le hasard m'a conduit droit devant le palais des Lascaris. La façade est d'un beau style Renaissance. Ces Lascaris étaient des Grecs réfugiés après la prise de Constantinople par les Turcs. On sait que, bien accueillis par les princes italiens, ils propagèrent la connaissance de l'antiquité où se re- trempa le XVe siècle artistique et littéraire. Sur la rive droite, s'étend la Nice moderne, luxueuse, pimpante, avec ses larges rues bordées d'hôtels élégants, ses jardins, ses villas, ses casinos, ses théâtres, ses plaisirs en- fin, et, sur un parcours de deux kilomètres, le long de la Méditerranée, la promenade des Anglais, tant vantée, mais qui, en dépit de ses palmiers (chétifs et dépenaillés, soit dit entre nous), m'a fait regretter la promenade de Chiaia, à Naples. On s'est souvent moqué du Paillon, et avec raison. Son lit, prétentieusement large, offre seulement, parmi un amoncellement de pierrailles, quelques maigres filets d'eau le long desquels des blanchisseuses agenouillées semblent en adoration. A quelques centaines de mètres de son embouchure, le Paillon disparaît sous un square au milieu duquel s'élève la statue de Masséna. (Il est question d'ériger une statue à un autre enfant illustre de la cité, à Garibaldi.) Plus en aval, le Paillon est couvert par un casino monu- mental, dont l'originalité consiste en un vaste jardin d'hi- ver où, tout en écoutant un orchestre passable, on peut perdre son argent au jeu des Petits Chevaux, et même être sollicité par ces dames! Pas sérieux ce Casino qui est municipal. De même qu'en Italie, toute construction qui possède une façade artistique est un palais; ici on prodigue géné- reusement la qualité de villa à toute maisonnette entourée