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            IL EST TARD


Onze heures ! l'huile manque à ma lampe épuisée;
Terne et fumeuse à peine elle combat la nuit;
La flamme, a mon foyer vide en vain attisée,
Est morte; le froid vient, le frisson m'envahit.

Soixante ans ! joie, espoir, bonheur : désabusée
Mon âme a tout jeté dans le temps qui s'enfuit.
Mon regard s'obscurcit; ma mémoire est usée;
IJ ombre morne s'étend sur mes neiges sans bruit,


Pauvre corps! gagne enfin, gagne ta couche amie;
Là, tu retrouveras des forces pour la vie,
La chaleur, le repos, doux présent du sommeil.

Toi, mon cœur ! au tombeau ne crains pas de descendre.
Tout ici-bas n'est plus que ténèbres et cendre :
Et la mort, c'est le jour ! c'est le divin réveil.