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124                     ARCHÉOLOGIE

ment dite. Mais cette légende a été chantée par les deux
plus grands poètes de l'antiquité et, de nos jours encore,
nous subissons involontairement le charme de ces chants
épiques, qui nous représentent, comme autant de héros,
tous les acteurs de ce siège célèbre.
   Pourtant, si grande que soit la part qu'on doive faire à la
légende et aux fictions poétiques, la guerre de Troie est un
événement historique, et la ville de Priam a existé, telle que
nous l'ont montrée les poètes, avec sa citadelle de Pergame
et ses remparts altiers, qui résistèrent aux Grecs pendant
dix ans.
   A qui voudrait en douter encore aujourd'hui, il suffira
d'ouvrir le livre dans lequel M. Schliemann a résumé tous
les résultats de ses longues recherches, pour voir revivre,
d'une manière saisissante, l'antique Ilion.
   Jamais, d'ailleurs, les peuples de l'antiquité n'avaient eu
de doute à ce sujet. Après que Troie eut été incendié par
les Grecs, dans cette nuit terrible dont le second chant de
l'Enéide renferme l'inoubliable récit, la célèbre cité, cinq
fois détruite, fut cinq fois relevée de ses ruines. Aussi, dans
tout le cours de cette période, qui s'étend jusqu'au ive siècle
de notre ère, Grecs et Romains n'avaient-ils jamais hésité
sur son emplacement. A leurs yeux, c'était sur la colline,
portant aujourd'hui le nom d'Hissarlick, que Troie avait
existé, et c'est là que Xerxès et Alexandre-le-Grand vinrent
tour à tour sacrifier à Minerve ilienne, et César, vénérer le
berceau légendaire de la famille Julia.
   Mais, sous le règne de Constance II, l'Ilion gréco-romain
cesse d'être habité et à sa ruine succède un long oubli. En
effet, ce n'est qu'en 1788 qu'un voyageur français, Leche-
valier, se préoccupe de l'emplacement de la ville de Troie
et croit, après quelques recherches, la retrouver sur la col-
line de Bounarbashi.