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DU NOM DE LUGDUNUM 15 On voit, dès lors, qu'aucune des solutions proposées pour expliquer le sens du nom de Lugdunum n'échappe à de sérieuses objections. Il faut donc chercher cette origine ailleurs, et puiser de nouveaux éléments d'information à des sources auxquelles la science ne s'était point adressée jusqu'à ce jour. II Dans un passage, souvent cité de ses Commentaires, César, énumérant les cinq principales divinités adorées par les Gaulois, nous apprend que Mercure est le premier de leurs dieux et que de nombreuses statues lui ont été élevées en Gaule ( i ) . Mais en désignant ces divinités, sous le nom qui leur était donné à Rome, l'illustre auteur oublie de nous faire connaître celui qu'elles portaient dans la langue des Gaulois. Toutefois, comme on n'a retrouvé la doctrine druidique qu'en Gaule, dans la Grande-Bretagne et en Irlande, et que César ajoute que la grande île avait été son berceau, c'est naturellement vers les monuments de l'ancienne litté- rature de ces deux derniers pays, moins oublieux que nous de leurs origines, que les érudits modernes ont dû diriger leurs études. Dans cette œuvre de patientes recherches, c'est à M. d'Arbois de Jubainville, professeur au Collège de France, que revient l'honneur d'avoir porté le plus loin sa science pénétrante, et c'est grâce à ses infatigables investi- gations que nous avons vu se dissiper une partie des ténè- bres, qui ont recouvert, jusqu'à ce jour, les divinités du (1) Guerre des Gaules, 1. VI, ch. 17 : « Deum maxime Mercurium eolunt. »