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 464                   RENÉ DE LUGINGE

 à la fenêtre grillée de leur appartement ; ils saluèrent une
 voile blanche qui cinglait vers Malte, poussée par un
 vent favorable.Une larme parut dans les beaux yeux de
 Marguerite, et le duc Philibert la pressa sur son cœur
 avec un redoublement de tendresse.


                              VI

                      LA ROSE BLANCHE


     Six années s'écoulèrent, Marguerite était mère, son
  bonheur était parfait; son fils, sa vivante image, annon-
  çait déjà les qualités les plus heureuses. Appelée de toutes
  parts la bonne duchesse, Marguerite était pour son
  peuple l'objet d'un véritable culte. Elle n'avait eu de
 René aucune nouvelle, et n'en demandait pas, persuadée
 qu'il vivait encore et que ses sentiments étaient les mê-
 mes.
    L'étrange histoire d'Occhioli avait longtemps occupé
 les esprits à la cour. On prétendait que la duchesse, ef-
 frayée de l'amour du forban, n'avait pas voulu le recevoir,
 et qu'Hélène de Blonay, .qui ressemblait un peu à la du-
 chesse, lui avait donné audience, ce qu'assurent même
 quelques historiens.
    Puis on ne parla plus du mystérieux chef de pirates,
 et le nom de René de Lucinge n'existait plus que dans le
souvenir de quelques cœurs, lorsque nous retrouvons
Marguerite dans le palais ducal de Chambéry, six ans
après notre récit. Un moine lui est annoncé ; sa figure est
grave, il est messager d'une nouvelle de mort, et remet à
la duchesse, en silence, une boîte couverte d'un crêpe
noir ; elle pousse un cri, l'ouvre et reconnaît la rose
blanche, son portrait et celui du duc ; ses larmes coulent