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128           UN LYONNAIS A L ' I L E DE L^REINS

verte. Lorsque la brise est un peu forte, en cherchant
un abri dans la forêt du côté opposé d'où vient le vent,
on est toujours certain de se trouver dans un calme qui
n'est troublé que bien au dessus de vos têtes et dans la
région supérieure du couvert qui vous abrite.'
   En un mot, c'est le paradis terrestre en miniature. Du
reste, déjà au ve siècle, saint Eucher écrivait sur cette
île bienheureuse : « Eaux bienfaisantes, campagne en-
c tourée de profonds ombrages, riche verdure émaillée
 e
« de fleurs, embaumée de leurs parfums, vrai paradis
« pour ceux qui l'habitent (1). »
   Cette ancienne description est encore la plus fidèle et
donne une idée de ces fourrés composés de cystes aux
élégantes fleurs, de grandes bruyères aux panaches
blancs, de genêts aux grelots d'or ; la pervenche, les
narcisses, les tulipes de plusieurs couleurs, les anémones
variées, les arums et quantité de fleurettes font de la terre
un parterre naturel qu'aucun jardinier ne saurait imi-
ter. Tout y est spontané : Dieu seuly sème !
   Et je jouissais de toutes ces ivresses , pendant que l'on
m'écrivait de Lyon que les brouillards vous entouraient
et que vous marchiez dans un sorbet composé de neige
fondue et de crotte !
   S'il est une vue ravissante au monde, c'est a coup sur
celle dont on jouit de l'île Saint-Honorat. Au premier
plan: Sainte-Marguerite s'étale avec sa sombre ver-
dure et ses rochers qui se reflètent dans le détroit qui
sépare les deux îles ; au-dessus, les coteaux parsemés
de blanches et élégantes villas qui couronnent Cannes ,


  (1) Saint Eucher, mort en 450, dans son livro do Laude Ercmi,
écrivait : Aquis scatens, floribus renitens, odoribus jucunda para,
disum possidentibus se exhibet.