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220 MON AMI GABRIEL Alors, sans dire une parole, il se pencha vers elle et la pressa sur son cœur. — Ah! quel bien cela me fait d'être baignée de tes larmes !.. . ajouta-t-elle. Il y a si longtemps que je les attendais... si longtemps ! . . . Quel bien cela me fait !... Tu n'as donc pas cessé de m'aimer ? Il n'osa lui parler de rien du passé, car il sentait qu'elle avait tout compris ; il ne lui demanda pas le par- > don qu'elle avait si généreusement imploré la première. '— Nous serons heureux à l'avenir ! s'écria-t-il. Nous irons à la Touvette... là nous serons ensemble, tou- jours ensemble, avec petit Paul. Nous reprendrons nos charmants entretiens d'autrefois et nos promenades solitaires, et personne ne pourra plus nous séparer ! — Quel bonheur pour moi de t'entendre parler ainsi ! dit-elle en appuyant sa tête sur l'épaule de Gabriel. Tiens! embrasse aussi ton fils... Le pauvre petit a grand besoin de l'air des champs... — Partons demain matin ! reprit-il en sortant du pa- villon. — Oui, demain matin. Ah ! jamais la nuit ne m'a sem- blée si belle ! — Et toi, ma Louise, jamais tu ne m'as paru si bonne ! Les préparatifs du départ s'étaient terminés de bonne heure. La voilure qui les conduisait à la gare roulait rapidement vers la porte Guillaume, lorsqu'un rassem- blement força le cocher à ralentir le pas des chevaux. Par un mouvement instinctif, Gabriel avança la tête à la portière. C'était un enterrement. Le cortège s'acheminait len- tement du côté du cimetière. Sur le drap qui couvrait