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MON AMI GABRIEL £05 gulief mouvement n'avait point échappé à Louise et à Francis. Depuis ce jour, mon ami en voulut malgré lui à son cousin d'avoir mis à nu les replis les plus secrets de. son cœur et de- lui avoir enlevé peut-être l'estime et l'affection de Louise. XII — Qu'a-t-il donc? demandait Francis avec sollicitude. Louise détournait !a question parce qu'elle-même sentait quelque chose d'extraordinaire dans les allures de son mari. Cependant un concert de bienfaisance s'organisait dans la ville. La société aristocratique de Dijon ne va guère au théâtre que dans de semblables occasions ; mais alors, comme il s'agit d'une bonne œuvre, chaque famille tient à s'y trouver au complet. Plusieurs mois à l'avance, les mères promettent à leurs filles cette fête des pauvres où elles-mêmes ont jadis, pour la première fois, éprouvé les enchantements de l'orchestre et contemplé les splen- deurs du lustre. Du, reste rien de plus classique et de plus irréprochable que le petit opéra final : la tradition veut que l'on donne le Chalet ou les Noces de Jeannette, sans quoi ces demoiselles resteraient aulogis, pour n'avoir point, le désagrément d'être ramenées au milieu du spectacle. Enfin cette soirée de délices arriva. Gabriel s'était fait un devoir de retenir une loge pour toute sa maison et je fus prié d'y prendre aussi ma place. A midi, toutes les voitures étaient louées pour le soir; à six heures, une longue file se formait depuis la place d'Armes jusqu'à l'église Saint-Michel, Le péristyle du, théâtre regorgeait; c'était un flot de soie et de dentelles qui peu à peu, len- tement, s'engouffra dans la porte béante.de l'édifice.. v