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ET LES BEAUX-ARTS A LYON 355 s'est élevée alors parfois jusqu'à la hauteur du grand art, guidée qu'elle a été souvent par des artistes de génie. Aussi cette exposition a-t-elle été une révélation pour le plus grand nombre. Qui se serait douté, il y a quel- ques mois à peine, que Lyon possédât de pareilles ri- chesses ? Et celles qu'on a pu réunir au Palais du Com- merce ne nous font-elles pas soupçonner encore l'existence de bien d'autres œuvres d'art, demeurées in- connues dans les cabinets de plus d'un collectionneur de notre ville ? Mais ce que nous révèle surtout cette exposition du vieux mobilier des siècles passés, c'est l'existence d'une école d'ébénisterie lyonnaise au xvie siècle. Sans doute quelques amateurs pouvaient ne point l'ignorer, mais c'était le petit nombre. D'ailleurs, jusqu'à ce jour, eût- il été possible d'apprécier les caractères de cette école au moyen d'observations isolées? Or, jamais occasion plus favorable n'a été fournie aux connaisseurs pour étudier les œuvres d'une école qui eut certainement une prospérité bien grande, si l'on en juge par le nombre des œuvres remarquables qu'elle nous a laissées. D'ailleurs cette prospérité s'explique aisément. En même temps qu'il fut une époque véritablement artis- tique, le xvie siècle fut aussi l'âge d'or du commerce lyonnais. La découverte du Nouveau-Monde venait de donner aux affaires commerciales un essor inconnu jus- qu'alors. Chassés de leur pays par les guerres civiles, les banquiers italiens s'étaient réfugiés à Lyon, où ils avaient apporté, avec leurs capitaux, la science finan- cière qui en décuple les produits. En un mot, le xvr9 siè- cle fut l'époque des fortunes rapides et prodigieuses, dont le nom des Gadagne est demeuré la personnifica-