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          R E N É DE L U C I N G E
                      NOUVELLE HISTORIQUE



                           (Suite et fin)




   Cependant, la plus grande curiosité régnait à la cour
sur ce chef des forbans qui restait dans un couvent, au
milieu d'une ville ennemie ; on se perdait en conjectures.
La flotte des pirates s'éloigna peu à près, et un peuple
immense se pressait sur le port pour être spectateur de
ce départ désiré.
   Tant d'émotions avaient brisé le faux Occhioli : une
fièvre violente le saisit, et il passa quelques jours en proie
à un danger imminent. Soigné avec le plus grand intérêt
par les bons religieux qui avaient reconnu en lui un fer-
vent chrétien, un matin, René sortit de la chapelle ; sa
figure pâle, ses yeux abattus annonçaient la souffrance et
les combats intérieurs ; assis sous les oliviers qui protègent
le couvent du vent du nord et en font comme un nid des
tropiques, son regard mélancolique errait des flots de la
mer, qui recevaient au loin les chauds rayons du soleil, au
château qu'habitait Marguerite. La pensée de la revoir
encore faisait battre son cœur à briser sa poitrine. A ce
moment le duc de Savoie, rentrant au couvent avec sa
suite, vint lui demander avec effusion de ses nouvelles.