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                          LE RHÔNE                      249
 le premier Mavro-potamos « noir-fleuve», et le second
 Aspro-potamos « blanc-fleuve ».
   L'étymologie de I'Achéron, étrangère à l'idiome helléni-
 que, appartient à la langue et à la mythologie ombriennes :
ach=ash, forme zende du sanscrit ati, beaucoup, très,
etront-, flexion restée thématique dans lefleuveO-ront-
es, au moyen d'une métathèse que nous venons d'ex-
pliquer; d'oùcc en quantité liquide, très-abondant en eau,
très-profond », par conséquent « noir, triste, lugubre ».
Dans les Orphiques, I'Achéron précipite d'abord, entre
de hautes falaises, des eaux étincelantes à l'égal de l'ar-
gent; il charrie aussi des paillettes d'or, étant censé com-
muniquer avec les profondeurs terrestres, dépositaires des
métaux précieux. Mais cet éclat et cette rapidité sont
de peu de durée : bientôt, le marais d'Achérusie l'inter-
cepte, formé d'un amas d'eaux noires. Alentour, s'étend
une région froide et basse, riche en fruits et en pâturages
éternels, l'Hermionie, où se tient la foule des justes,
dont une barque, la seule qui existe sur ces eaux, passe les
âmes à la rive infernale (1).
   Desoncôtél'Achéloûs, gr. AXSIÛÃOÇ, Achelôïos, emprunte
son nom au même ach et à l'ajectif ombrien ou cymrique
gloyw, gloew, gaélique glœe, clair, brillant, d'une blan-
cheur lumineuse, en construction loew, loyw: caerloyw
«château brillant», c'est-à-dire bâti de belles pierres blan-
ches; donc, Achéloùs signifie « très-lumineux, très-blanc,
très-pur» ; aussi ce nom s'applique-t-il non-seulement au
fleuve de l'Acarnanie, mais à l'eau pure en général. «Nous
appelons surtout, dit Ephore, l'eau Achéloùs dans nos ser-
ments, dans nosprières, dans nos sacrifices,|dans toutes les


  (1) Argonautiq., V. 1133-1147.